• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Ciriaco

sur Essai sur la société des citoyens responsables - de l'antimondialisme


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Ciriaco Ciriaco 26 mai 2018 11:21

@Hervé Hum
Nous n’avons pas la même appréhension du libéralisme. Son histoire, celui de la liberté économique, légitime dorénavant des valeurs de non responsabilité sociale (accumulation extrême du capital, continuité du rapport travail/exploitation dans un cadre préférentiellement choisi par l’individu, etc.). Les valeurs de possession individuelle, le culte de la personnalité et l’esprit du chacun pour soi sont des praxis social et culturel bien plus ample et bien plus concrète que l’engagement au sein d’une communauté où s’exerce un certain nombre de solidarité structurantes et de rapports collectifs (autant dans les faits que dans les récits) au monde.


C’est une structure sociale libérale. La liberté, quant à elle, ne peut s’exercer qu’en fonction de rapports sociaux de proximité, qui la structurent autant qu’ils la permettent. Sans vouloir en dire plus sur ce vaste sujet, il me paraît évident qu’elle ne peut exister qu’à l’intérieur d’une communauté sociale, et c’est ainsi d’ailleurs qu’on la voit sociologiquement resurgir dans le pays (Maffesoli avait écrit des choses à ce sujet) - partiellement, tant bien que mal et avec de nombreuses frictions dans la société libérale.

Concernant la conscience, la question est plus difficile que cela ; la conscience est un rapport à l’expérience. Nous ne vivons pas le monde et nous ne le vivrons jamais. Par contre, nous connaissons un appareil de récits, la société de l’information, qui est l’exercice d’une somme d’intérêts.
Notre expérience au monde est donc une expérience informationnelle, et non de vie. Cela induit des aspects extrêmement inquiétants, du moins dont s’inquiétait Guy Debord, qui biaisent les rapports politiques (c’est-à-dire, je le rappelle, qui concernent la cité) et empiètent largement sur ce que nous vivons réellement. Vous parliez de limite politique... à quel point est-elle déjà amputée !

Il y a dans votre analyse quelque chose qui me dérange profondément. C’est celle d’inviter à raisonner selon la logique du pouvoir, c’est-à-dire la logique globale, qui est celle du gestionnaire, et d’y ancrer la réflexion politique. Or c’est à cela même que la politique du réel doit s’opposer ; et c’est précisément ce qui constitue un acte politique. Précisément ce qui fait avancer les choses parce que celles-ci sont faites de rapports de force, en dehors du cadre pour le moins irréel de la pensée mondialisée, par nature non unitaire sauf à être totalitaire.

Bien sûr, je vous propose ces quelques traits complémentaires à votre analyse, dans l’espoir de vous voir y intégrer des éléments de position et d’échelle politique, mais je partage votre intérêt, sans naïveté cependant.

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès