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Commentaire de amiaplacidus

sur En finir avec l'abus du droit de grève !


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amiaplacidus amiaplacidus 10 juin 2018 10:23

@l’auteur

À propos de votre liste de pays supposés avoir fortement restreint le droit de grève, vous énoncez quelques contre-vérités (je ne parle ici que de situations que je connais personnellement et pas par ouï-dire). Lorsque vous dites :

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« -Au Japon, les grévistes mettent un brassard pour indiquer qu’ils sont en grève mais continuent à travailler. »
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Vous oubliez de dire que le patron se sent profondément humilié de voir « ses » travailleurs porter un brassard « en grève », humiliation qui peut aller jusqu’au suicide (j’ai un ou deux cas concrets à vous proposer).
Vous oubliez aussi la récente grève des transports publics à Okayama. Le personnel portait un brassard, travaillait, mais ne faisait pas payer les clients. Très efficace, ils ont obtenu gain de cause en 1-2 jours.
De toute façon, au Japon, l’accent est mis sur le consensus social. les négociations patronat / syndicats se font avant qu’un conflit éclate. Ce n’est qu’en cas d’échec que déroulent avant le déclenchement des conflits sociaux. Ce n’est qu’en cas d’échec qu’il y a grève et manifestation,

On en est encore à attendre, en France, que le patronat soit humilié de voir que les travailleurs sont maltraités. Tout comme on en est encore à attendre que le patronat négocie avant l’éclosion d’un conflit social.
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« -En Suisse, la paix du travail désigne une convention de prévention des conflits sociaux, et la grève est très rare. »
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La situation en Suisse est un peu similaire à celle du Japon. On met également en avant le consensus social.
La paix du travail résulte d’une négociation entre partenaires sociaux. Négociations qui se tiennent régulièrement, même en l’absence de tout conflit, en général tous les quatre ans mais cela dépens des branches. Durant ces négociations, patronat et syndicats se mettent d’accord, sur un certain nombre de points pour les prochaines quatre années (les négociations salariales ont lieu tous les ans). Ces négociations aboutissent à une convention collective valable pour une branche donnée. Les syndicats acceptent de renoncer à la grève (pour autant que le patronat respecte la convention) et le patronat renonce au lock-out.
Durant les périodes de négociation quadriennale, la grève est possible comme moyen de pression, mais très rarement utilisée parce que le patronat négocie sérieusement, pour aboutir à un consensus, sans chercher à « faire plier » les syndicats.
Toutes les entreprises de la branche sont tenues de respecter la convention collective. Celles qui ne le font pas sont exclues des organisations patronales et, en général, son ostracisées et exclues des marchés publics.

Comme vous pouvez le voir, à des années-lumière de la situation en France où on attend de voir un patronat conscient de ses responsabilités sociales plutôt que de dégager le plus de plus-value possible à son seul profit.
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-En Allemagne, il ne peut y avoir de grève pendant les périodes de négociation salariale.

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Totalement faux ! C’est au contraire durant ces périodes qu’il y a des grèves en Allemagne, et des grèves autrement plus dures qu’en France.Pensez aux grève de Lufthansa, 14 depuis 2014. Par exemple, en 2016, 2618 vols annulés. Cela concernait un revendication salariale de 3,66 %.
Plus récemment, en 10 avril 2018, une grève du personnel des aéroports, 800 vols annulés, pour une revendication portant sur une revalorisation de 6 % des salaires.
N’oubliez pas les grèves des chemins de fer, en 2015, 9 mouvement de grève en moins d’un an. Toujours pour des revendications salariales.
Pensez à la métallurgie et aux importants mouvements d’il y a 5-6 ans. Les travailleurs ont obtenu, dans la plupart de cas, satisfaction.

Effectivement, il y avait, auparavant, moins de mouvements sociaux en Allemagne. Depuis que ce pays a passé d’un type de « capitalisme rhénan », plus ou moins paternaliste à un capitalisme de prédation de type anglo-saxon (ou français*), les conflits sociaux se multiplient (pas sûr que les capitalistes y trouvent leur compte d’ailleurs).
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Pour les autres pays que vous citez, je ne me prononce pas. Parce que, contrairement à vous, je ne parle que de ce que je connais.
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* Je dis français, parce qu’en matière de capitalisme de prédation, la France fait partie des meilleurs au niveau mondial (si ce n’est la meilleure).
En France, on ne devrait pas parler de coût du travail, mais de coût du capital, tant les prélèvements du capital sur l’économie, par distribution de dividende ou augmentation de la valeur boursière, sont importants.

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