Les Fake News du pouvoir et de ses médias (MMS), ce n’est pas vraiment un problème en Vème République.
En politique étrangère, il est convenu que le Président a toujours raison. C’est comme ça depuis de Gaulle. Il ne s’est pas trompé en 40, contre presque tout le monde, donc il est inscrit dans la Constitution et dans l’inconscient collectif français qu’il a toujours raison. Les députés n’ont même pas besoin d’être tenus au courant.
N’importe quel sondage à propos d’un bombardement ou d’un envoi de troupes hors frontières donnera toujours le même résultat : 2/3 des Français approuvent.
Que le motif affiché, par le Président et ses médias, d’une intervention armée hors de nos frontières soit le sauvetage d’un troupeau de chameaux mis en danger par la politique cruelle d’un horrible dictateur (« Brigitte Bardot aurait été reçue à l’Elysée »), ou autre chose, peu importe la Fake News. Les Français savent que c’est du bobard mais approuvent, car ils supposent que les vrais motifs masqués sont dans l’intérêt bien compris du pays. Parfois, ça ne se vérifie pas vraiment (Khadafi), mais tant pis, le Président a aussi droit à l’erreur.
En politique intérieure, c’est autre chose. Faker franchement sur des faits se déroulant en Métropole, comme on a pu le faire sans risque pour la Libye, est plus délicat car les témoins sont nombreux, parlent français et le téléphone arabe (en Métropole) fonctionne normalement. Donc le pouvoir et ses médias ne se risquent pas trop à bobarder franchement. Ils se contentent de déformer la réalité en insistant sur certains aspects, en occultant ce qui gêne. Ce ne sont pas tant les faits qui sont tordus en politique intérieure, mais l’idéologie, la grille morale de lecture des faits, le ciselage des notions de Bien et de Mal. Là est le véritable enjeu. Donc comme en politique étrangère, les Fake News du pouvoir et des médias associés ne sont pas franchement un problème. L’enjeu est la morale collective et l’idéologie, pas les bobards éventuels. Bercoff a tort de se poser des questions à propos de Mamadou Gassama, car les faits physiques ne sont pas le problème ni l’enjeu, qui est l’affirmation par l’Etat qu’un migrant africain peut être un héros.
En l’absence de véritable enjeu, les Fake News de nos MMS ne posent donc pas vraiment de problème, que ce soit au pouvoir ou au citoyen. D’ailleurs la ministre a bien précisé que les journalistes « professionnels » (comprendre MMS) n’étaient pas en cause. Ceux-là peuvent continuer à bobarder tranquillement à leur guise. Mais alors pourquoi cette fixette du pouvoir sur les Fake News pouvant venir d’ailleurs, d’Internet ou pire encore d’une puissance étrangère hostile, jusqu’à faire une loi spécialement dédiée ?
Pour des raisons idéologiques principalement, et pas tant pour cause de déformation ou d’invention éventuelles de faits. Ce qui importe aujourd’hui ne sont pas à proprement parler les faits, mais la manière dont ils sont traités, présentés, inscrits dans une idéologie, dans une morale collective. Et c’est de ce point de vue qu’Internet et les divers RT/Spoutnik posent un problème au pouvoir. Car ils laissent entrevoir qu’au plan idéologique et moral, TINA ne se vérifie pas. Qu’il existe une autre façon de voir la réalité, la vie. Et ceci n’est pas tolérable pour un pouvoir qui tente d’imprimer dans l’esprit du citoyen qu’il n’existe qu’une seule notion de Bien et de Mal, celle diffusée par les MMS, et que cette morale est universelle, globale (tout comme le marché).
13/06 16:47 - eddofr
13/06 16:46 - eddofr
Fondamentalement, si des citoyens s’égarent et se mettent à croire en des fables (...)
12/06 21:42 - Attilax
@Fergus Je n’ai pas dit que je m’y retrouvais, mais je veux avoir le choix (...)
12/06 17:10 - Dantès
Merci infiniment Bruno pour cet article retentissant (on en juge facilement par l’intérêt (...)
12/06 16:30 - OuRo
@Étirév votre commentaire est sous noté, comme si la Vérité avec un grand V faisait peur, ou (...)
12/06 01:09 - #Shawford
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