« Ce qui intéresse les capitalistes, ce n’est pas tant le migrant que le clandestin corvéable à merci. Or le clandestin est d’abord produit par la logique de la clôture. En revanche, le capitalisme de nos sociétés occidentales est intéressé par la frange des migrants la plus éduquée, la moins démunie, qui, à qualification élevée égale, accepte des rémunérations plus modestes. Les pays riches accueillent à la fois les migrants légaux les moins pauvres et les clandestins moins nombreux et voués à l’extrême précarité.
Ce ne sont pas les migrations qui sont au cœur du marasme vécu mais le trio infernal de la concurrence, de la gouvernance et de l’obsession identitaire. Ce sont les masses laborieuses d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine qui pèsent le plus fortement en faveur de
la réduction relative de la masse salariale. Les migrants le font à la
marge.
À la limite, en s’insérant dans des zones de niveaux salariaux
plus élevés, ils nourriraient plutôt une tendance inverse à la hausse. À
la limite toujours, c’est en restant chez eux que les travailleurs du
Sud tirent la masse salariale de nos pays vers le bas. Là est l’armée de
réserve véritable. »
ps. c’est moi qui souligne : en somme, les clôtures sont en fait des filtres qui ne laissent passer que les plus vigoureux et qui assumeront leur clandestinité : de bons travailleurs potentiels !