Gosse,
lecteur passionné de Fenimore Cooper, Jack London., J.-O. Curwood puis fan de
westerns sur le tard, c’est-à-dire à partir de 15 ans, jusque vers mes 20 ans,
On m’avait prévenu, le western, c’est idiot, il y a des types qui tirent
50 coups de revolvers sans recharger. Je le répétais à qui voulait l’entendre.
Un jour un
concours de circonstances, la résistance un peu émoussée sans doute, je me
retrouvai assis dans un cinéma qui repassait des films pas trop anciens. C
jour-là il projetait Coup de Fouet en retour, de John Sturges, je ne connaissais pas, aujourd’hui
encore…,. J’aimais le cinéma, pas la sodomisation de diptères sur grand écran. Je
ne voyais que les hommes, les vrais mâles. Les Ladd, Stewart, pathétique pignouf
dans L’homme qui tua Liberty Valance, Peck, Bogarde, Cliff, cent autres dont j’ai
oublié le nom, étaient tricards dans mon univers celluloïdal. Dans certains
films, je trouvais Gary Cooper, limite limite et il faudrait que je revisionne
Les Quatre fils de Katie Elder, Rio Bravo – que j’ai vu cent fois -, et Cinq
cartes à abattre, pour comprendre comment le latin lover Dean Martin a pu
franchir l’obstacle du conseil de révision…
Aujourd’hui,
il m’est facile de mettre des mots sur mes préférences masculines, je n’aimais
pas les hommes beaux, mais les gueules, les Wayne, les Mitchum, les Mature
(Victor, pour ceux qui regardent trop YouPorn), les Marvin, les Devane, des gonzes
que personne ose imagine descendant dans la rue contre le réchauffement climatique.
Si ça c’était
trouvé, j’aurais envoyé au bûcher tous les jeunes premiers du monde, si ça avait
été la condition du financement d’une super-super production de 5-6 heures, Le
voyage au bout de la nuit avec Gabin, Belmondo, Ventura, Blier (Bernard),
Pousse, Dalban, Gert Fröbe, le Castigliano diabétique de 100 000 dollars
au soleil, Paul Meurisse où avais-je la tête ?, Et puis alors, ça c’est
pour le fun, histoire de conclure en beauté, Franck Villard :
Gabin :
Je t’envoie un mec, cette semaine.
Françoise
Rosay : - Comment je le reconnaîtrai ?
Gabin :
- Un beau brun avec des petites bacchantes, grand, l’air con
Françoise :
- Ca court les rues les grands cons
Gabin :
- Ouais mais celui-là, c’est un gabarit exceptionnel, si la connerie se
mesurait, il servirait de mètre étalon, il serait à Sèvres.
(…)
Villard :
- C’est marrant que vous m’ayez reconnu tout de suite…
Françoise
Rosay : - On m’avait fait un portrait parlé, je pouvais pas me tromper
Un plus
loin, au moment où Villard (44 ans à l’état-civil !) s’en va, elle lui
tend un petit billet : - Tiens môme pour tes cigarettes !
Mon vrai
passage préféré, il se situe en amont, c’est le portrait du même Villard par
Bernard Blier : - …j’aime autant vous dire que pour moi Monsieur Éric (Eric
Masson, le personnage) avec ses costards tissés en Écosse à Roubaix, ses
boutons de manchettes en simili et ses pompes à l’italienne fabriquées à
Grenoble, et ben c’est rien qu’un demi-sel. Et là, je parle juste question
présentation. Parce que si je voulais me lancer dans la psychanalyse,
j’ajouterais que c’est le roi des cons. Et encore les rois, ils arrivent à
l’heure. »