Permettez-moi
d’être pessimiste.
Les gars à
problème savent qu’ils ne feront jamais partie de l’élite. Que faire des petits
boulots pour un dealer paye mieux de l’heure que professeur(e). Que l’idéologie
dominante est de toute façon méprisable et très éloignée de leur culture
familiale. Que leur pays d’origine fantasmé est plus près de leur cœur que leur
pays d’accueil qui les tolère sans les aimer. C’est foutu pour l’école, et je
ne vois pas bien dans ce contexte comment rétablir l’ordre dans les classes. Les
enseignantes vont continuer de souffrir, le martyre pour certaines.
Les élites,
que nous réélisons tous les 5 ans, Macron en est emblématique, ne sont pas
vraiment motivées pour changer radicalement la donne. Elles ont d’autres priorités.
Comme par exemple maintenir le pays dans le peloton de tête des pays
développés. Priorité honorable au demeurant, permettant de maintenir hors de l’eau
la tête des moins dotés via des mécanismes de redistribution. Mais cette
priorité s’accommode bien d’un lumpen prolétariat dépourvu de diplômes et de
vrai métier. Le revenu universel (de gauche paraît-il) suffira à terme à nourrir
tout un chacun. Notre système économique n’a pas besoin de grand monde pour
créer le futur : une élite hyper pointue (moins de 1% de la population
pour la recherche et l’engineering) suffit à y pourvoir. Et comme le font les
USA avec l’Europe, la Chine et l’Inde, on prélèvera dans le monde entier les
types et filles les plus géniaux pour accroître les performances (les nôtres).
Tout ceci
aboutit probablement à une société duale. Une élite de l’argent, de la
connaissance et de la culture d’un côté (10% ? 20 % ?) et le reste de
la société de l’autre. En gros les plus de 5000 € jusqu’à 1 million € / mois d’un
côté, les moins de l’autre. Et les recalés des études en bas de l’échelle,
vivant d’un très petit salaire, de boulots annexes et d’aides sociales.
Mais tout
cela pourrait s’effondrer pour une raison ou pour une autre. Le système est
instable. L’élite peut se décourager face à l’amoncellement de problèmes
menaçants insolubles et décider de mesures radicales qui changeraient la donne
(mais nous ne serions peut-être plus là pour en profiter -).