Acte III, scène 2, dite monologue du Tyran
Le Tyran s’apprête à recevoir les Conseillers ; un masque git à terre, son visage apparait nu, hideux, cadavéreux et suintant de pus. Il va et vient dans la pièce, se parlant à lui-même.
LE TYRAN MIS A JOUR — Ah, le peuple, le peuple, cette maudite populace ! Ne restera-t’elle donc à la place que moi, le Destin, je lui ai assignée ? Car je suis le Destin, naturellement, je suis celui qui a bâti leur maison, celui qui en a conçu les plans et qui en connait chaque recoin. Ont-ils oublié que je suis la Légalité ? Ont-ils oublié que par moi ils vivent en démocratie et que la démocratie, c’est l’Etat de droit ? Et que dans l’Etat de droit, force est à la Loi. Ah, ce n’était pas assez que cette maudite populace se laisse aller à cette maudite sentimentalité dont elle ne se départira jamais ! Ces enfantillages ont dépassé les bornes cette fois, on me rapporte que dans tout l’Empire les bases vacillent et qu’il y a un risque certain que la sainte Liberté du Marché soit entravée.
Il fait silence un moment.
Lorsque la peste commence à envahir la Cité, le premier mouvement est de la circonscrire.
Avant de l’éradiquer.