Onfray, pour moi, est tombé dans le piège tendu par ceux qu’il dénonce quand il considère que le mot « complotiste » ne peut être pris qu’en mauvaise part. Pourtant, quand il écrit le paragraphe suivant—
"Mais dire qu’il existe une lutte des classes, des dominants et des dominés, un pouvoir secret et discret des décideurs à des niveaux nationaux et internationaux avec des médias sans micros ni caméras ni stylos, qu’il existe des diplomaties secrètes et des compromis politiques passés hors cadres démocratiques, qu’il existe une activité fiévreuse des services secrets avec leurs agents,
des polices du renseignement et de l’infiltration avec leurs
fonctionnaires, des cellules confidentielles pour lancer des rumeurs,
c’est l’évidence. Il faut n’avoir jamais lu Machiavel ou lu Le Canard
enchaîné pour croire et affirmer le contraire«
—il avoue que, complotiste, il l’est. Puisqu’il pense qu’il y a »un pouvoir secret et discret des décideurs« . Tout ce qu’il dit dans ce paragraphe, c’est »oui, les complots existent et ils influencent la marche du monde« . Bref, il pense comme moi, qui me dis sans problème »complotiste". Sauf que lui a repris intégralement à son compte le sens péjoratif, attribué par les gens qu’il dénonce, à ce terme. Alors il prend bien soin de dire la même chose sans prononcer le mot incriminé ( toutes ces circonvolutions... ) qui lui vaudrait d’être pour le coup définitivement disqualifié auprès des media. Dont il a encore besoin. Cela se comprend. Mais pour l’essentiel, depuis maintenant plusieurs années, et dans un tas de domaines, Onfray dit la même chose que, au hasard, ... un Soral. Eh oui...
Onfray, depuis quelque temps, a le cul entre deux chaises. Il s’est rapproché de la piscine des infréquentables à bien des égards ( il est là, au bord du plongeoir, il a déjà les pieds mouillés du fait des éclaboussures ) mais y plonger lui fait encore peur. Je comprends ça. Dans notre société, choisir la liberté, ça reste un gros risque personnel en terme de confort. Je ne lui jette pas la pierre.