Vous en êtes encore à une archaïque lutte des classes, comme tous ces experts que vous citez, qui s’obstinent à ignorer que les inégalités sociales sont d’ordre avant tout structurel et le fruit d’une relation incontournable entre démographie et économie.
Parce qu’il doit impérativement
ne serait-ce que se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner,
l’homme est un consommateur. Il l’est depuis sa conception
jusqu’après sa mort – comme en attestent les marchés du
prénatal et du funéraire – et se double d’un producteur dès
qu’il est en âge de travailler. Il est ainsi, avant toute autre
opinion ou considération, un agent économique au service de la
société, mais aux dépens de son environnement. Et plus le nombre
de ces agents augmente, plus leurs besoins s’accroissent – outre
ceux qu’ils s’inventent toujours plus nombreux –, plus ils
produisent et s’enrichissent collectivement, quelles que soient les
conditions du partage de cette richesse. Qu’il s’agisse de
ressources non renouvelables ou de pollution, les atteintes à
l’environnement augmentent d’autant et s’ajoutent à celles
d’une nature jamais avare de catastrophes inopinées ou cycliques.
Le progrès comme tous les malheurs du monde en découlent.
Comment, socialement, nier cette évidence, dans son rapport avec le caractère
incontournablement pyramidal de notre société ?
Jusqu’où iront l’hypocrisie et l’ignorance, alors que notre pyramide sociale s’hypertrophiant chaque jour un peu plus, son sommet
s’éloigne incessamment de sa base, et les écarts de richesse
entre ses habitants se creusent inéluctablement d’autant ?