@François Pignon
Pour abonder
Le projet des anarcho-syndicalistes est l’établissement d’un nouvel
ordre social juste et émancipateur (et non pas le « désordre » social),
grâce à l’abolition conjointe du capitalisme et de l’État. Les
anarcho-syndicalistes proposent de substituer à la propriété privée, la « possession individuelle » ne garantissant aucun droit concernant l’accumulation des biens « non utilisés »3.
Dans ce courant de philosophie politique, il n’y a pas de centralisme économique ou politique. Les formes d’organisations sont multiples et s’appuient sur la liberté politique grâce au mandatement impératif, à l’autogestion, au fédéralisme et à la démocratie directe.
Pour ses partisans, l’anarcho-syndicalisme est donc organisé et
structuré : il pose le syndicat comme forme d’organisation émancipatrice
des travailleurs et refuse le principe de parti politique ou de regroupement corporatiste. Le syndicat est la structure qui permet aux classes
opprimées de s’organiser à la base et de mener la lutte selon les choix
des individus regroupés en collectifs et non selon des directives hiérarchiques données par un bureau politique (en d’autre termes, du bas vers le haut et non du haut vers le bas, ou à l’horizontale, telle l’utopie de l’égalité).
Selon le Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques
(2010) : « Globalement, l’anarcho-syndicalisme érige les syndicats en
organismes centraux de l’action politique et des transformations
sociales dans la perspective d’une rupture révolutionnaire fondée en
même temps sur une prise de conscience progressive de leur pouvoir par
les masses populaires. De ce fait, il se présente à la fois comme un
projet d’organisation et comme le vecteur d’une nouvelle éthique de la
responsabilité à diffuser dans l’ensemble de la société »2.