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Commentaire de Renaud Bouchard

sur Très chers Outre-mers... ou ces gabegies financières que ne voient pas les Gilets jaunes


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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 8 janvier 2019 15:15

@michalac
Quand les mythes s’effritent... (allitération...)

http://www.charlatans.info/mahomet.shtml

Sciences & Avenir/janvier 2003

Contrairement au judaïsme et au christianisme, l’islam n’a pas encore été soumis à la critique historique et scientifique. Cette approche, récente, se fait dans la douleur.« L’islam n’a pas accompli sa révolution critique et historique », constate froidement Jacqueline Chabbi, professeur à l’université Paris VIII. Auteur d’une biographie « décapante » de Mahomet Le Seigneur des tribus. L’Islam de Mahomet. Paris, Noesis,1997), cette spécialiste des origines de l’islam a déclenché l’ire des théologiens musulmans (1).
Son sacrilège ? "J’ai humanisé Mahomet. En effet, le seul moyen de comprendre le personnage, c’est de lui appliquer une grille de lecture anthropologique. De le remettre dans son contexte social réel, et non dans un contexte ou le fait religieux est surestimé." Histoire de démêler ce qui relève de la légende dorée et ce qui paraît vraisemblable. Vraisemblable seulement ...Car Mahomet (570-632) n’a laissé aucune trace écrite directe, ni archéologique, de son passage sur Terre. Et si la tradition musulmane postérieure au Coran représente le fondateur de l’islam dictant parfois ses révélations à un scribe sur des "morceaux de cuir, des tessons de poterie, des nervures de palmes et des omoplates de chameau", aucun de ses contemporains n’a concrètement transmis son témoignage. Comme le Prophète vivait en outre dans une société de tradition orale, il paraît vain d’espérer exhumer un jour des tablettes comme celles qui florissaient, à l’époque, dans le proche Empire byzantin. Enfin la première biographie de Mahomet, la Sîra, a vraisemblablement été rédigée plus d’un siècle après sa mort.Des orientalistes trop naïfs ?Quel sérieux lui accorder ? Comment aborder le Coran ou la tradition prophétique, les hadith ? « Jusqu’à présent, les orientalistes s’en sont laissé un peu trop conter par des textes pourtant empreints de merveilleux. », critique Jacqueline Chabbi, qui regrette l’amateurisme doublé de fascination qui a longtemps régné dans cette discipline « fourre-tout » ou cohabitaient historiens, philosophes, grammairiens, lettrés ... et fonctionnaires coloniaux !Le livre révélé, le Coran, a longtemps rassuré par sa grande homogénéité, frappante par rapport à la Bible ou aux textes fondateurs du christianisme. On y a vu l’indice d’une véracité historique à la continuité sans faille. Mais aujourd’hui, des spécialistes parmi lesquels François Deroche, de l’Ecole pratique des hautes études, ou Alfred Louis de Prémare, de l’université d’Aix-en-Provence, pensent que sous sa forme actuelle il aurait été mis par écrit bien plus tardivement que ne l’annonce la tradition musulmane. Voire qu’il aurait été "lissé, harmonisé", non lors d’une simple réforme orthographique, mais dans une logique de constitution d’empire, comme le soutient Jacqueline Chabbi : "Ce n’est qu’avec l’empire des Omeyyades (661-750) que la religion de Mahomet a basculé dans un autre monde dans lequel l’écriture est devenue prédominante. Le Coran a alors été mis par écrit, certainement à partir de fragments d’oralité conservés dans les mémoires. Dans les siècles suivants, la tradition islamique a couvert d’un luxe de détails les origines de l’islam et reconstitué un passé ... fictif !"Pour retrouver le Mahomet réel, celui du monde tribal de l’Arabie intérieure, Jacqueline Chabbi a œuvré à la manière d’un restaurateur qui gratte peintures et vernis d’une toile pour en retrouver les couleurs d’origines. Une approche novatrice à mille lieues des biographies écrites jusqu’alors (2) par ailleurs tout à fait respectables. André Caquot du Collège de France la juge « saine » : " ni irrévérencieuse ni dogmatique. L’islam, la plus historique peut-être des grandes religions, ne saurait être une terre interdite à l’histoire des religions". Même si les théologiens musulmans restent majoritairement rétifs à la critique historique, contrairement aux théologiens juifs et chrétiens, soumis depuis des siècles (et bien malgré eux) à la question des rationalistes.Les preuves archéologiques faisant défaut, Jacqueline Chabbi a tenté une « lecture du paysage ». Mais à quoi ressemblait en l’an 610, à l’heure de la révélation de Dieu à Mahomet cette Arabie désertique, tribale, païenne, qui deviendra plus tard le centre de l’arc vert (couleur de l’islam) allant du Maghreb à l’Indonésie ? A un monde de bédouins pragmatiques, juge l’auteur qui s’est intéressée à la vie des derniers grands nomades qui, s’ils se déplacent désormais en 4x4 plutôt qu’à chameau, restent héritiers d’une tradition séculaire.Elle s’est également penchée sur les institutions, les pratiques religieuses, culturelles, sociales, politiques de la société arabique de l’époque de Mahomet, telles qu’elles se profilent dans les écrits contemporains ou postérieurs. Et non telles qu’elles ont été voilées par la suite. Elle est retournée aux sources, s’appuyant sur une base de textes arabes qu’elle a patiemment décortiqués au niveau de la langue. Le résultat révèle un chef d’hommes, un prophète inspiré doublé d’un politique qui n’aurait jamais réellement rompu avec ses origines tribales.Alors, qui était le vrai Mahomet ? Une figure singulière, qui a essayé de faire bouger les choses, selon la chercheuse. Son nom signifiant « le loué fils de l’esclave d’Allah », semble trop beau à de nombreux historiens. En revanche son existence est aujourd’hui majoritairement admise. "Il s’est passé quelque chose entre La Mecque et Médine au début du VII° siècle. Lorsque les tribus arabes font irruption hors des limites de leur habitat traditionnel, vers 632, l’islam est né." Selon la tradition, Mahomet est déjà mort. Nulle mention n’en est donc faite dans les chroniques des pays et empires qui passeront peu à peu sous la férule des musulmans. Selon cette même tradition, qui fixe toutes les dates, Mahomet est banni par sa tribu, les Qurachites, qui le pensent possédé par les « Djinns ». "Il est probable que cet homme, qui prêchait pour un dieu unique tel qu’il existait déjà chez les juifs et les chrétiens, souhaitait rétablir des valeurs de solidarité dans sa tribu, dont certains membres s’étaient trop enrichis" analyse Jacqueline Chabbi. Mahomet trouve refuge à Médine, vraisemblablement chez un clan apparenté. Là, brûlant d’être reconnu, il entre en politique. Il monte une confédération tribale sur un modèle traditionnel, proposant aux tribus sédentaires et nomades de passer une alliance avec son dieu.L’islam de Mahomet, ou proto-islam, ne peut être compris en dehors de la croyance au « seigneur des tribus ». Les nomades croient à un « Seigneur » (« rabb »), une puissance (masculine ou féminine) de protection et de recours, liée à un territoire tribal et y possédant un lieu de résidence (« bayt »). Le plus souvent des pierres sacrées ou bétyles telle la pierre noire scellée à la Mecque, un objet de culte datant sans doute de l’époque de Mahomet. Le prophète multiplie les razzias avec un tel succès que l’alliance fructueuse avec son dieu lui attire bien des « conversions ». C’est vraisemblablement au cours d’un conflit avec les juifs de Médine qu’il s’approprie la figure d’Abraham. Les juifs, vécus comme des rivaux monothéistes, sont alors traités comme des déviants, ayant perdu le sens de la parole originelle de Dieu, et ils seront persécutés. Plus tard, bien plus tard, les Musulmans feront même de Mahomet le descendant charnel d’Abraham... ce qui est d’ailleurs toujours enseigné dans certains ouvrages de vulgarisation, comme le Dictionnaire encyclopédique de l’islam(Bordas).

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