@michalac
Suite et fin :
Loin d’être le révolutionnaire décrit par la tradition, Mahomet apparaît donc comme un homme très en prise avec son milieu originel.Pour comprendre la profondeur du décalage et la gravité de la rupture entre l’âge tribal de « l’islam de Mahomet » et les sociétés islamisées par la suite, rappelons que la notion de musulman n’est parvenue à se séparer de sa composante ethnique arabe qu’à partir du milieu du VIII° siècle, avec l’accession de la famille abbasside au califat. Ces oncles de Mahomet sont les premiers à proposer une société « égalitaire », mettant sur le même pied toutes les populations qui la composent. Ils effacent les privilèges des tribus et leur code complexe de relations parentales. Auparavant, la conversion était d’abord sociale, pas religieuse. Le converti (persan, sémite du Nord, chrétien, juif, compte ou berbère) devait solliciter son entrée dans une famille arabe. Encore recevait-il seulement le statut peu glorieux de mawla ou "esclave affranchi". Les Arabes respectant les religions locales comme le fonctionnariat et l’économie des pays conquis, ont d’ailleurs longtemps retardé toute conversion."Ce qui me fait dire qu’il n’y a pas eu à proprement parlé de ’guerre sainte’ menée par Mahomet. il est urgent de faire de l’histoire, surtout dans le contexte actuel". Car la vision de l’islam wahhabite qui tente de s’imposer aujourd’hui n’a rien à voir ni avec l’islam traditionnel tel qu’il s’est construit au cours des siècles ni a fortiori, avec le véritable islam des origines. C’est le manque de recul historique d’une certaine jeunesse musulmane qui a permis l’émergence de cette caricature de Mahomet telle que le dépeignent les islamistes. Le refus de faire de l’histoire est devenu un problème politique et idéologique. "Il y a de la part de certains musulmans, un investissement sur le passé comme compensation aux frustrations du présent. Toutes les civilisations brodent sur leur histoire. Mais dans le monde arabe moderne, cela s’est exacerbé ces dernières années. C’est ainsi que l’on voit des jeunes qui prêchent un retour à un islam qui n’a jamais existé, ou qui croient vivre comme a vécu le prophète, un homme dont la vie est finalement une succession de légendes !"
Sur le plan historique, c’est une absurdité. Sur le plan politique, cela aboutit à un fanatisme dramatique.
L’âge tribal de l’islam.
Les rituels parmi les plus symboliques de l’islam conservent les traces de la culture tribale où il a vu le jour. Le pèlerinage à la Mecque réunit ainsi deux rituels appartenant à deux mondes spacialement et socialement différents, celui des semi citadins de la ville et celui des pasteurs nomades des environs. Le pèlerinage primitif était vraisemblablement un rituel de demande de pluie pratiqué par les Bédouins après le déclin des grandes chaleurs de l’été dans la haute plaine de l’Arafât, à l’est du territoire mecquois. La visite à la Kaaba, le bâtiment où est scellée la fameuse pierre noire, se déroulait indépendamment, au printemps et donnait également lieu à des sacrifices aujourd’hui disparus. C’est peu avant de mourir que Mahomet aurait regroupé les deux comme pour réunir -politiquement- sous une seule bannière les Bédouins, les gens des oasis et les caravaniers, toute catégorie de population qu’il dominait.
De même l’actuel sacrifice du mouton qui clôt le pèlerinage musulman, censé commémorer le sacrifice d’Abraham, correspond en fait à une pratique proche-orientale qui ne s’est vraisemblablement imposée qu’après la conversion des populations concernées. Les Arabes d’Arabie sacrifiaient des chameaux ! Quant au lien abrahamique du sacrifice et du pèlerinage, il est ignoré par le Coran. Le fait que la tradition dite prophétique, le hadith, corrobore la croyance postérieure qui « abrahamise » le sacrifice n’a guère de sens pour les historiens. Ce corpus réputé « prophétique » ne peut être mis sur le même plan que le Coran qui présente des indices d’ancienneté bien supérieurs.
Notes :
(1) « Epanouissement universel de l’Islam », Abdelaziz Benabdallah, communication à l’Institut du monde arabe, novembre 1997.
(2) Le Prophète Muhammad, sa vie d’après les sources les plus anciennes, par Martin Lings, le Seuil. Mahomet, Maxime Rodinson, le Seuil, collection « Points »
09/01 11:14 - Renaud Bouchard
@al.terre.natif Mayotte ne dispose d’aucunes ressources naturelles à l’exception de (...)
09/01 08:39 - al.terre.natif
Deux choses : D’une part la « perfusion » n’en est pas vraiment une car nous (...)
09/01 06:35 - Shaw-Shaw
Suçon, tu diras à cabanel que s’il était intrigué hier, aujourd’hui il va être (...)
08/01 22:42 - Renaud Bouchard
@titi Information intéressante.Merci. Nous nous écartons du sujet... RB
08/01 21:59 - titi
@L’auteur Apprenez aussi qu’il existe des « passerelles » entre les systèmes (...)
08/01 21:31 - JulietFox
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