De
la Trinité originelle en religion et son évolution
On
discutait beaucoup dans les Ecoles d’Alexandrie sur les trois hypostases
divines (suppôts, personnes, en grec hupostaseis), qui avaient formé
primitivement une Trinité féminine : Mère-Sœur-Fille. Partout trois grandes
Déesses représentaient la Femme sous ces divers aspects :
Nous
trouvons le nombre trois dans la légende des trois patriarches Abraham,
Isaac, Jacob, qui sont des matriarches formant une Trinité ; dans les
trois enfants d’Adam, les trois enfants de Noah, les trois Grâces, les trois
femmes qui se disputent la pomme, etc.
Cette
Trinité s’était modifiée depuis qu’on avait introduit des Dieux masculins dans
le Panthéon ; alors elle fut représentée par le Père, la Mère, l’Enfant ; telle
la Triade égyptienne Osiris-Isis-Horus, greffée elle-même sur une plus ancienne
Triade faite d’Ammon-Mauth-Khons.
Les
Chaldéens avaient eu Anou, Nouah, Bel.
L’Inde
fit d’abord sa Triade de Brahmâ, Nâri, Virâdj. Plus tard, elle fut composée de
Brahmâ créateur (principe cosmique), Vishnou conservateur (la Femme), Çiva
destructeur (l’homme) qui devint le transformateur, parce qu’il détruit et
transforme le monde primitif fait par la Femme.
Enfin,
les Scandinaves avaient Odin, Frigga, Balder ; les Finnois avaient Ukko,
Luonnotar, Vainamoïnen ; et les Polynésiens ont encore Taaroa, Ina, Oro.
Quand
les Bouddhistes fondèrent leur religion masculine, ils firent une Trinité
composée de :
1°
Bouddha, l’intelligence divine, l’Esprit ;
2°
Dharma, la matière, les éléments concrets (sous-entendu la Mère) ;
3°
Sangha, la réunion des deux principes ou des deux univers.
Cette
Trinité fut apportée à Alexandrie de 270 à 303 par le philosophe Porphyre.
Mais,
avant cette époque, Philon s’était occupé de la Trinité, et ses idées sur ce
sujet avaient évolué, car nous trouvons qu’il nous indique une première Triade
composée de : le Père créateur ; la Mère, qui est la sagesse, dans le sein de
laquelle il engendre « non pas à la manière de l’homme » ; le Fils ou le monde
conçu d’un germe divin.
Nous
voyons dans cette façon d’engendrer l’origine de la conception miraculeuse de
Marie.
Dans
les Ecoles d’Alexandrie, les trois personnes divines étaient devenues :
-
Le Père, duquel procède la création ;
-
Le Fils, duquel procède l’âme ou l’Esprit ;
-
Le Saint-Esprit, l’intellect divin.
Par
le mot pro-cession, les Néo-Platoniciens croyaient échapper au dogme
célèbre de l’émanation sur lequel reposaient les théogonies de l’Inde.
Les
Catholiques paraissent avoir formé leur doctrine de la Trinité avec les
démentis opposés aux systèmes antérieurs.
—
LE PÈRE, c’est la substitution masculine ....
—
LE FILS, c’est l’homme, fils du Père, fils de l’homme. Et cela est dit
dans un esprit de réaction contre…
—
LE SAINT-ESPRIT, c’est l’esprit…
Suite…