L’ « état providence » avait réussi à créer
l’illusion selon laquelle le capitalisme pourrait être humanisé. Si la lutte
des gilets jaunes se limite à la restauration dépoussiérée d’un système disparu
avec les délocalisations, ça ne vaut pas plus la peine de se battre que si l’idée
était de retrouver le paradis perdu.
Le RIC n’est pas la panacée qui restaurera les emplois
perdus avec la désindustrialisation, la privation des services de l’état et le
dumping social mené par l’UE. L’origine de la situation n’est pas un déficit de
« démocratie » qu’il suffirait de compenser par de nouvelles
superstructures, mais une mutation des rapports de production génératrice de
paupérisation des plus démunis et d’augmentation des écarts de revenus.
La faiblesse du mouvement des gilets jaunes réside dans le
flou de ses revendications empreintes de la nostalgie du rôle qu’a joué l’état
et qui n’existe plus, appelant implicitement au retour de l’état providence
vidé de sa substance. Mais sa force réside dans son dynamisme, sa
détermination, sa dimension humaine et sa colère justifiée face à l’injustice
et aux inégalités économiques.
Pour gagner, il faut cesser de regarder en arrière et
regarder vers l’avenir, vers la construction d’un projet qu’il est urgent de
définir. Ce n’est pas le « grand débat » qui le fera. La grand-messe
n’a jamais fait progresser quoi que ce soit, au contraire.