Reste à vérifier ce que l’expérience Milton Friedman a produit au Chili sur les retraites :
de notre correspondante à Santiago,
« Je manifeste parce que je ne veux pas tomber dans la pauvreté
quand je prendrai ma retraite. Et si le système continue comme il est,
je n’aurais pas le choix », lance Carlos Sanchez, le visage tendu.
Si ce chimiste dirige à 44 ans sa propre petite entreprise et se fait un
salaire avoisinant les 2 800 euros, soit huit fois le salaire minimum
chilien que gagne la majorité de la population active, sa retraite ne
suffira pourtant pas. « Je ne pourrai jamais la prendre, ajoute-t-il, il me faudra travailler jusqu’à la veille de ma mort. »
Une crainte pour les uns, une réalité pour Augustino Zapata, âgé de
77 ans. Depuis qu’il a arrêté son métier de maître charpentier dans la
construction, il vit avec 160 euros par mois. « Et dans trois mois, mon AFP me coupe ma pension, explique-t-il, excédé. Ils m’ont soi-disant versé tout ce que j’avais cotisé, après 30 ans de cotisations. »
Berta Machuca, son épouse âgée de 72 ans, tape sur une casserole vide
avec un petit bout de bois, symbole de leur misère. Et d’avouer : « Je
fais les marchés pour que les gens me donnent des fruits et des
légumes. Après 35 ans de cotisations, je reçois 120 euros par mois. »
Malgré les airs de fête de la deuxième manifestation
familiale pacifique qui a coloré dimanche l’artère principale de
Santiago et les rues de toutes les villes du Chili, après une première
manifestation le 24 juillet, c’est une colère noire qui domine la foule.
Une colère qui gronde aujourd’hui contre un système unique au monde,
imposé en 1981 par la dictature d’Augusto Pinochet, le Chili étant le
premier pays au monde à adopter les fonds de pension.
Les Chiliens se sentent floués par le système
Géré par six entreprises privées appelées Administratrices de fonds
de pension (AFP), ce système promettait d’offrir aux travailleurs
chiliens de meilleures retraites, et même 100 % de leur salaire, comme
le titrait le journal de droite El Mercurio en 2000. La réalité
est toute autre : un retraité chilien reçoit en moyenne 270 euros par
mois, neuf Chiliens sur dix gagnant même moins de 209 euros, loin
derrière les 345 euros que représente le salaire minimum, déjà peu élevé
au regard du coût de la vie.
« Personne ne peut vivre avec moins de 345 euros par mois », martèle Cristian Saria, 35 ans, tout en poussant la poussette de son bébé, bardée d’un grand panneau « No mas AFP ». « Nous ne voulons plus des AFP. » « Si je suis à charge de ma fille quand je serai vieux, comment fera-t-elle pour vivre ? »
Chaque mois, les AFP reçoivent les cotisations obligatoires des
Chiliens, qui s’élèvent à 10 % de leur salaire, auxquels s’ajoute une
commission de gestion de 1,15 % en moyenne (le salarié est donc
ponctionné automatiquement à hauteur de 11,15 % en moyenne chaque mois).
« De trois pesos cotisés, explique la professeure d’anglais Carola Sabia, qui tient son caniche dans les bras, il
nous revient seulement un peso, un tiers de notre cotisation. Le reste
tombe directement dans les poches des AFP et est investi dans les
grandes entreprises du pays. »’’
La suite sur :
http://www.rfi.fr/ameriques/20160822-chili-mobilisation-refonte-systeme-retraites-pensions-afp
Je vous laisse apprécier la densité de la foule chilienne sur la photo en fin de l’article !
Vous pouvez lire également le très gôôôôchiste journal ’’Les Echos’’ sur le même sujet.