@Gollum
Je maintiens que c’est bien un rejet que vous aviez exprimé. Avec les
mots que j’ai rappelés nul ne peut s’y tromper. Que vous ayez eu en tête
l’idée de la voie étroite, je veux bien le croire mais dans ce cas je
note que vous avez une singulière manière d’exprimer vos idées. Au
demeurant, votre placage de la voie étroite sur ce commandement me
paraît assez arbitraire pour la bonne raison qu’il semble plus naturel
de rattacher ledit commandement au fait qu’il nous est aussi et surtout
demandé d’être comme des enfants, qui aiment naturellement, parce qu’ils
sont pleins de gratitude et de reconnaissance pour les bienfaits et les
soins qui leurs sont dispensés.
Ensuite, la question n’est pas de savoir si je fais comme je veux (il va
de soi que je fais comme je veux) elle est que vous êtes bien à
(prétendre être en position de) me dire que je ne suis pas catholique.
Avouez que la chose est comique et révélatrice du problème personnel que
vous avez avec la notion de dogme (qui s’entend très bien quand vous
parlez de croyance ).
Graeber ou pas Graeber votre endoctrinement par Saint Augustin est assez
impressionnant pour quelqu’un qui se présente comme "croyant au
minimum". Vous croyez peut-être que vous ne croyez pas en croyant ce que
dit Saint Augustin sur la question du péché originel, mais c’est bien
de la croyance. Vous avez intégré le dogme pour mieux le rejeter (en
tant que culpabilisant). Je n’ai pas adhéré comme vous aux
représentations de Saint Augustin et ma croyance est fondée sur un noyau
de convictions au travers duquel j’assimile le reste du corps
doctrinal. Et ce que je n’ai pu assimiler, ce dont je n’ai pu faire sens
n’entre pas dans mon esprit, en attendant peut-être que de nouvelles lumières me
permettent d’en faire sens.
J’ai le sentiment de procéder fort
honnêtement, comme un apprenant qui n’a jamais fini d’apprendre et qui
ne se fait pas obligation de croire a priori à l’ensemble d’un dogme
dont il ignore tant de parties. Bref, je suis libre ET croyant, ne vous
en déplaise et même si je vous accorde que je ne suis peut-être pas
très catholique au sens de conforme à l’idée qu’on se fait d’un
catholique en général, il s’avère que catholique je le suis puisque
pratiquant. Nul prêtre ne s’est jamais avisé de me déclarer non
catholique et vraiment, pardonnez-moi d’y revenir, il est assez cocasse
de songer que c’est le non croyant que vous êtes qui prétend
m’excommunier en quelque sorte. Vous rendez vous compte de votre
dogmatisme ? Relisez Girard sur le mimétisme et la similitude des
rivaux, sur ce point au moins vous incarnez parfaitement ce que vous
rejetez : la pensée dogmatique et, pire, le "faite ce que je dis, pas ce
que je fais" .
Bon allez, j’arrête de vous taquiner et je conclue en revenant sur cette
idée d’identification. Il me semble que vous raisonnez comme un
scholastique du 13e siècle .
Quand vous écrivez "Puisque seul le Père étant parfait il faut une union
parfaite entre l’homme et le Père pour que l’homme puisse être
parfait", vous exprimez une pensée totalitaire d’abord au sens où elle
impose sa logique sans considérer les alternatives et ensuite au sens où
elle généralise une demande de conformité qui ne concerne que la
dimension perfection.
Car, il est écrit "soyez parfait comme votre Père
est parfait« . Il n’est donc pas écrit »soyez comme votre Père" et encore
moins « soyez votre Père ». Ces deux dernières interprétations
réductrices et totalitaires ne traduisent pas ce à quoi nous sommes
invités. Dès lors, il reste parfaitement loisible de penser qu’il peut
exister pour chaque être une quête de perfection à la place qu’il occupe
dans ce monde, ce dont la nature nous donne le plus parfait exemple :
chacun des êtres qui la compose nous apparaît parfait tellement toutes
ses fonctions semblent idéalement adaptées à son environnement. Rien à
voir avec nombres d’êtres domestiqués et dégénérés dont l’homme se plaît
à s’entourer. Non qu’ils ne puissent être parfaits dans leur genre (je
pense aux chats) mais ils offrent moins souvent l’occasion de contempler
une perfection que les merveilles qui emplissent une nature préservée.
Je vois les choses comme cela, bien à l’écart des interprétations
mortifères dans lesquelles vous semblez vous complaire (on a vraiment dû vous
faire violence...) et qui nous font passer sous la coupe de l’injonction
parentale qui tue, le fameux « drive » « sois parfait ». Elle tue cette
injonction car, par construction elle met en échec. Alors que le Christ,
qui remet les lois à leur place au regard de l’amour, ne nous met
certainement pas en échec lorsqu’il nous invite à la perfection. Oui,
tâchons de viser la perfection en toutes choses, c’est possible, nous
échouerons bien ici et là, mais nous pouvons néanmoins nous en faire un
devoir. Rien de mortifère en cela. Rien qui nous fasse obligation de
nous croire divins destinés à viser le divin. Bon sang, qu’il est bon
d’être humain, trop humain, avec toutes les faiblesses qui vont avec
mais aussi les forces, les joies, les espérances.
Bref, c’est marrant, finalement je m’accorde avec vous pour reconnaître
que le bataclan dogmatico-scholastique que vous projetez sur la foi
chrétienne est insupportable et doit être abandonné, parce que,
justement, aussi bien informé que vous croyez être, ce n’est qu’une
représentation dogmatique qui ne reflète pas la réalité autrement plus
subtile, accueillante et bienveillante de la foi. Le cas du péché
originel est ici emblématique. En d’autres termes, il me semble que
votre posture est celle d’un don quichotte luttant contre des moulins à
vent. Vous êtes un savant égaré. Voilà ce que je crois