Oui, cher @Empedocle, mon propos put être ambigu :
« doctrinal » ou « mal compris » y qualifie dans mon esprit la perception probable ou constatable du lecteur commentateur, pas l’inspiration de l’auteur ou la restitution de ses idées, qui me semble logique et limpide.
Me plaçant toujours du point de vue du commun humain ordinaire, on peut
cependant percevoir ce discours comme doctrinal voire dogmatique quand
on n’embraye pas dans la dynamique de sa motivation, de sa tension vraie
si on a pas décodé les jalons clefs de l’amorce de son épure, si on accroche sur
les mots.
Et comme nous sommes aliénés à la valeur concurrentielle, nous avons tous le reflexe entretenu de la contradiction pour elle même, dans une économie narcissique du débat, non consciemment vécue comme un marché et un spectacle d’auto-valorisation egoïque.
Le conflit tend à s’y installer comme modalité d’existence (« l’important c’est de parti-...ciper » dit le baron), et
l’aspiration aux convergences positives à s’installer comme une concession frustrante,
un aveu de faiblesse. Constat banal qu’avait caricaturé Coluche ("C’est
pas parce qu’on rien à dire qu’il faut se la fermer").
Ce qui se recadre bien dans le thème de votre article, la critique de la
démocratie libérale, de cette agora du spectacle comme lieu d’existence,
au stade contemporain de son inversion dialectique. Inversion tant
institutionnelle que mentale où « prendre parti contre et pour » est une
marchandise en soi, un interchangeable négociable, ou le "pour et le
contre" ne sont que l’actif et le passif du bilan comptable du
narcissisme solvable tant individuel que collectif. La psyché
inter-subjective y devient un marché intérieur... Aliénation suprême !
Thèse que le fait collectif nommé « Gilet jaunes » observable in vivo et in situ a
pu démontrer et vérifier dans la durée en termes de praxis :
en phase
« rond-point » d’agrégation informelle spontanée, nous y vivons une
communauté enivrante de l’être là pour lui-même, du nous pour nous, (de
l’en-soi-pour-soi hégélien ?)
alors qu’en phase "agora militante de l’agir
spectaculaire" on y retombe vite dans l’organisation du spectacle pour
lui-même, du « décider démocratique » de la marchandise démonstrative et
revendicative médiatisable sur le marché de conquête d’audience et de l’opinion. D’où les tensions internes entre les humbles et les spéculateurs relayeurs.
Contrairement à ce qu’interprète Etienne Chouard, en phase
« communauté de rond-point », en phase tribale (tripale ?) il n’y a en
fait jamais de « débat démocratique », les gens s’en fiche, pas d’estrade
et pas de décor ni de mise en scène, et donc rien à « représenter », tout à
vivre ou revivre cycliquement. La vieiile taupe est toujours là.
Moralité : les débats « en le démos » écrits ou oraux médiés, virtuels, hors d’un commun des
réciprocités sensorielles et corporelles ne sont que du vécu à crédit !
La synchronisation vraie n’y marche jamais. Bon, on fait avec.