@dr.jambon-beurre
Si à l’époque des Trente Glorieuses, la plupart des
strates sociales de la société, de l’ouvrier au cadre supérieur, avait le
sentiment d’être intégrée et de bénéficier des grandes mutations économiques et
sociétales de l’époque, il n’en est plus de même aujourd’hui. La désindustrialisation
et son cortège de chômage de masse a affaibli considérablement la société
périphérique, celles des villes moyennes, des petites villes, du périurbain
« subi » et des zones rurales. Aujourd’hui, les plans sociaux ne
valent plus seulement pour l’industrie mais aussi pour les services, les
commerces et les banques (12% des agences bancaires devraient fermer d’ici
2020). Cette désagrégation économique se fait au détriment des grandes
agglomérations qui ne font que se renforcer sur les décombres de la France périphérique.
Dans la France périphérique se trouve la majorité des catégories qui
constituaient le socle de la classe moyenne et qui n’ont pas les moyens de la
mobilité sociale. Pour la première fois, elles ne vivent plus là où se créent
les richesses et l’emploi et ne pourront plus y vivre, car compte tenu des
logiques économiques et foncières, le retour en arrière n’est pas envisageable.
Pourquoi cette réalité est-elle cachée ? Parce que l’existence
d’une classe moyenne justifie la pertinence de notre modèle mondialisé : la
classe moyenne ne serait ainsi qu’une classe en mutation, en voie de s’adapter
aux nouvelles normes économiques et sociétales d’une société mondialisée. Les
différences entre les intérêts de classes sont évacués au profit d’une
représentation positive qui est celle des grands médias et des discours
politiques progressistes qui propage cette idée fausse : « une
majorité d’inclus et une minorité d’exclus qui, grâce à des politiques
bienveillantes d’inclusion, profiteront demain d’un modèle nécessairement
intégrateur » ou la fameuse théorie du ruissèlement.
Ce qui est certain, c’est que la disparition de ce concept
des classes moyennes nous fait entrer dans une période chaotique où tout ce qui
faisait le commun, de l’État providence au partage des valeurs, est peu à peu
démantelé.