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Commentaire de

sur Hamas... caduque ? Vous avez dit caduque ? Comme c'est caduque...


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(---.---.64.110) 2 mai 2006 21:50

Le danger du genre « forum-débat-ouvert-en temps-réel » est qu’on y oublie souvent de lire, de relire et de méditer, avant de réagir... On y éprouve donc, plus souvent qu’à l’accoutumée, des sentiments bibliques du style « vanité des vanités, tout est vanité »... Mais, bon, c’est la dynamique du genre et il faut en accepter les leçons.

Il semble qu’une erreur de manipulation ait effacé la première partie de mon intervention. Je m’en vais donc la reprendre et l’enrichir de commentaires de vos commentaires.

Je réagissais tout d’abord aux propos sur l’avenir du terrorisme, condamné à trépasser, et à celui du « sionisme », appelé à survivre, (jusqu’à la fin des temps, i presume)... Tout à fait d’accord sur la première proposition, (encore faudrait-il expliciter les démarches susceptibles de générer une telle agonie),je doute fort de la pertinence de la seconde,tant organiques sont les liens entre terrorisme et « sionisme » (du moins, dans la forme politique de celui-ci, je reviendrai plus loin sur ce distinguo). Je donnais rendez-vous à nos virulents porte-drapeaux du « sionisme » dans une cinquantaine d’années.

Le tarissement des puits de pétrole aura alors très certainement tempéré, n’en doutez pas, l’ardeur des étatsuniens dans la défense indéfectible des intérêts « juifs » en Palestine (les guillemets signifiant ici qu’on peut être, très innocemment, à en juger les arguments des vaillants porte-enseignes, dupes des vrais intérêts, fussent-ils drapés de considérations tribales, qui agitent la région). Où en sera alors l’orgueilleuse Amérique face au géant chinois et à ses propres contradictions internes ? Où en seront les divisions, supposées éternelles, entre les musulmans, à défaut de celles entre les arabes qui ne représentent, tout de même,qu’un tiers de l’Umma contemporaine ? Il ne sera plus guère temps d’envisager des solutions justes en Palestine : on aura largement dépassé les délais...

Je soulignais ensuite que l’Etat d’Israel n’existe toujours pas. Il ne suffit pas en effet de s’affubler du nom d’un prophète - en l’occurence Jacob - pour s’investir de ses qualités de dialogue et de paix. Mille résolutions de l’ONU, mille papelards juridiques ne changeront rien à l’affaire. Jacob, petit-fils d’Abraham, vécut en Palestine, en bonne intelligence avec de multiples voisins, sémites pour la plupart, partageant les mêmes lieux de vie sans partager les mêmes convictions religieuses. Ce ne fut pas un fondateur d’Etat, ce fut un homme de Dieu, c’est à dire un homme de paix. Certes reconnue par l’ONU, je n’en disconviens pas, l’entité politique, qui caricature aujourd’hui Jacob en en usurpant le nom, représente, dans les faits, son inversion la plus totale.

Appelez cet Etat comme vous le voulez, comme vous avez voulu imposer le terme de « territoires » aux bantoustans concentrationnaires que vous avez créés et où fleurit le terrorisme nécessaire à votre survie. Paradoxe insoutenable dans le temps et qui vous coûte, tout de même, quelques centaines de vies par an. Mais ne nous demandez pas de partager vos confusions sémantiques : Israël a un sens et ce n’est pas celui de votre Etat raciste et sanglant.

J’appelle celui-ci Sionie, qui est encore autre chose que Sion la belle, l’éternelle fiancée des prophètes, l’épouse du Messie. Juif, chrétien ou musulman, nous espérons tous la venue (le retour) prochain(e) de ce dernier : inutile donc de nous invectiver à grands coups de convictions partisanes, les jeux sont faits, depuis longtemps, et seule l’accomplissement de cette promesse divine élucidera nos erreurs de foi...

Je vous vois, messieurs les « sionistes » avérés - c’est à dire : sectateurs de la Sionie, et non pas amoureux de Sion, permettez-moi de l’affirmer à la simple lecture de vos éructations - fort attachés au vote de l’ONU en 1947. Si je vous ai rappelé que les anglais n’avaient pas voté pour, j’aurais également pu vous signaler que cette décision fondait deux Etats et non pas un, sans compter « le corpus séparatus pour la zone Jérusalem-Bethléem » (pour reprendre vos propres termes). Mais c’était inutile de le faire, puisque vous nous le martelez vous-mêmes à longueur de posts : La Sionie n’existe, juridiquement, qu’associée à d’autres entités politiques. Sinon, contentez-vous de la reconnaissance de 1949 : elle n’a évidemment pas le même poids...

Permettez-moi encore d’insister sur la notion de lien organique entre le peuple et sa terre, lien tissé dans la continuité des siècles. Vous n’entendrez jamais rien à ce qui se passe en Palestine tant que vous n’aurez pas intégré ce concept. Nulle part, et surtout pas au Moyen-Orient, un pouvoir étranger n’a pu se maintenir au delà de quelques décennies - un siècle, un siècle et demi ? - en niant le droit des autochtones à vivre dignement. Des perses aux croisés occidentaux en passant par les romains, tous les pouvoirs dictatoriaux en ont fait la cruelle expérience. Et les arabes, me direz-vous ? Tout d’abord, c’est très excessivement que le terme d’envahisseurs leur fut attribué, cadeau des propagandes coloniales croisées ou, plus tardivement, capitalistes. Les liens de parenté et d’amitié entre les arabes péninsulaires et les palestiniens sont plurimillénaires : Ismaïl reste le grand frère de Isaac, n’en déplût à la maman de ce dernier.

Secondement, la permanence, durant au moins treize siècles, de minorités chrétiennes et juives, dans tous les espaces sous domination musulmane (arabe, turque, perse, berbère, espagnole, mongole ou autres), notamment en Palestine, prouve indubitablement qu’à contrario de toutes vos affirmations réductrices, l’islam a su vivre en bonne intelligence avec d’autres minorités religieuses. Prenez le temps d’étudier sérieusement les fluctuations de la jezia au cours des siècles. Inférieure à 50 dirrhams par an, nulle pour les moins nantis, au temps du khalife ’Omar (qui ordonnait même, à contrario, le versement de la zakat, la taxe sur les biens des musulmans nantis, au bénéfice des mendiants chrétiens ou juifs), elle a pu être multipliée par dix sous les omeyyades, puis ramenée pratiquement à son niveau initial au début du temps des abbassides, et ainsi de suite, jusqu’à nos jours. Personne ne contestera qu’il y eut des excès dans la politique des Etats, en islam comme ailleurs, mais de grâce, reconnaissez la réalité des nuances... Si l’islam était à ce point génocidaire, comment se fait-il qu’après treize siècles de domination islamique, 1/3 de la population égyptienne fut copte, 15 % des libanais chrétiens et que la communauté juive la plus ancienne et la plus stable de son histoire fut justement celle de la Babylonie, au coeur de l’Irak ;jusqu’en 1920, date des premiers attentats contre les synagogues mésopotamiennes, imputables très probablement à l’Irgoun ? Qui sont donc les vrais manipulateurs de la périodique critique, passionnée et déchirante, que nous connaissons depuis bientôt un siècle ??

Vous évoquez ailleurs la charte du Hamas. Organisation résistante ou terroriste, jamais nous ne pourrons nous entendre sur la qualification de celui-ci. Inutile là encore de jouer sur les nerfs de nos convictions. C’est, en tous cas, une organisation de survie qui s’est efforcée de réagir à l’hémorragie des terres palestiniennes qualifiées aujourd’hui par la Sionie de terres juives. C’est dans ce combat qu’il convient de situer l’allusion au waqf. Permettez-moi ici de clarifier les choses.

Dans les premiers temps de l’islam, deux modes de soumission au nouveau pouvoir ont été reconnus par les juristes musulmans. Le premier, insensible à la négociation, relevait de la seule loi des armes. Dans ce cas, les terres conquises revenaient à l’Etat musulman, les propriétaires conservant un droit prioritaire de jouissance du fonds, moyennant le paiement d’une taxe, le kharaj, variable en fonction de la nature des récoltes (de 2 dirrhams à l’hectare pour l’orge, à 12 dirrhams à l’hectare pour la vigne). Dès le khalife Outhmane, tous les exploitants de ces terres, musulmans y compris, furent soumis à cette taxe.

Le second mode de soumission relevait d’une négociation, sanctionnée par la rédaction d’un traité, dont les termes devaient être scrupuleusement respectés. Or, il se trouve qu’en pays de Cham,(Syrie, Liban, Palestine), notamment à Jérusalem, c’est le plus souvent cette modalité qui prévalut. La formule de la Charte du Hamas, réductrice, se comprend dans la situation cruciale que vivent les palestiniens. Sa très probable excessivité renvoie à celle des dispositions légales sionistes en matière foncière. Ne vous aveuglez pas, messieurs les porte-glaives, ou du moins, n’espérez aveugler personne.

Quant au processus fédératif, à mon sens, seule issue pacifique à cet imbroglio dément, il est bien évident qu’il ne pourra se construire ni en un jour, ni en cent. Les plaies sont vives, parfois hélas ! purulentes, de part et d’autre. Mais des positions de principe, admettant l’éventualité d’une telle évolution, bientôt relayées par un calendrier raisonnable, sont à portée d’esprit. Nul doute qu’en l’état actuel du rapport de forces, la Sionie doive exprimer, la première, la nécessité de cette perspective. C’est le chemin de sa propre survie, c’est le chemin d’Israël, enfin rétabli dans la justice et le droit des gens, c’est le chemin tout simplement de la vie.


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