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Commentaire de njama

sur Vincent Lambert, Hervé Pierra : deux fins de vie loi Léonetti


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njama njama 19 mai 2019 12:37

Ma grand-mère à 87 ans était en bonne santé, jamais malade, aucun traitement médical, puis un jour elle avait décidé que « elle en avait assez vu » et qu’elle voulait rejoindre « son Daniel » (son fils, mon oncle décédé prématurément d’un infarctus une quinzaine d’années plus tôt). Sur ce, elle restait allongée sur son lit exactement « comme un gisant », immobile, le chapelet dans les mains, refusant tout aliment, excepté parfois un peu d’eau. Elle attendait sereinement de quitter ce monde, sans appréhension.

Cette situation devint intenable pour la personne qui partageait sa vie depuis des décennies, Paulette, un peu sa fille si on veut, un peu notre tante aussi, elle qui venait de l’assistance publique et avait été employée dans le commerce de ma grand-mère toute sa vie. Un médecin vint, puis un autre, puis sa fille (ma mère), et puis un aréopage de personnes de sa connaissance pour tenter de la ramener à la raison ! Rien n’y fit, elle saluait rapidement les visiteurs, ne leur accordait que peu d’attention, leur disant que tout allait bien et qu’ils devaient aller s’occuper à chose plus utile que d’être là autour d’elle. Bref tout le monde était éconduit poliment en deux coups de cuillères à pot !

Au bout d’une poignée de jours elle fut hospitalisée d’office. Je ne sais qui prit cette décision, mais rien n’y changea, pas un iota, alitée elle restait telle un gisant, n’ouvrant les yeux que lorsqu’elle détectait une visite, n’y consacrant pas plus d’une minute ou deux. Plus retourner dans sa position de gisant. Les médecins et infirmières de l’hôpital ne reçurent pas meilleur accueil elle les congédiait tous prestement les priant vertement s’ils insistaient d’aller s’occuper de chose plus utile. Moi-même, quoique ayant des très fortes affinités avec cette grand-mère que j’adorais, après une courte manifestation de joie de me voir et une embrassade à presque m’étouffer, je ne reçus pas davantage de sa part que d’aller occuper ma jeunesse à meilleure chose.

Quelques jours plus tard j’appris qu’elle avait quitté ce monde, d’une embolie pulmonaire paraît-il, ce dont je ne crus pas un seul mot que c’était la cause de son décès. Non, elle avait décidé de quitter ce monde, elle avait une volonté de fer, je savais que sa décision était irrévocable. Et elle nous quitta sereinement.


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