@Alexis,
Les pays riches ne se contentent pas de consommer dix fois plus de
ressources par habitant que les pays pauvres. Cette consommation, d’eau,
de minerais, de pétrole ou de produits agricoles, se fait aussi au prix
de dégradations environnementales et de violations des droits humains,
générées par les multinationales qui exploitent ces ressources. Des
entreprises qui ne sont jamais tenues légalement responsables des
conséquences de leurs activités, en raison de leur poids économique et
politique et de l’attentisme des gouvernements et des populations.
Pour fabriquer le caoutchouc nécessaire aux pneus, l’entreprise
française Michelin exploite des plantations d’hévéas, via une filiale, la société
internationale de plantations d’hévéas. Au Nigeria, cette culture,
d’une superficie d’environ 3 000 ha, s’est traduite par la destruction
de forêts primaires dans l’état d’Edo, au sud du pays, et la
dépossession de leurs terrains des populations locales. Or, 20 000
personnes vivent dans cette zone, dont 80 % sont dépendantes de la forêt
pour subvenir à leurs besoins.
Ce pillage se
manifeste par la fuite des capitaux, plus exactement les flux illicites.
Les flux illicites sont définis comme l’argent gagné illégalement et
transféré ailleurs, hors du continent.
Les chiffres sont sans équivoques : entre 1980 et 2009, l’Afrique a perdu 1200 à 1400 milliards de dollars.
Cela
n’est qu’une petite partie émergée de l’iceberg, car il s’agit d’un
système complexe aux mille ramifications.L’Afrique perd au moins 50
milliards de dollars par an du fait des transactions illégales. Le
continent aurait ainsi perdu jusqu’à mille milliards de dollars au cours
des 50 dernières années, selon l’ONG américaine Global Financial
Integrity, spécialisé e dans les flux illicites, chiffre confirmé par la
banque mondiale