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Commentaire de bob de lyon

sur Propos de Christine Angot sur l'esclavage


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bob de lyon 5 juin 2019 11:57

Mon grain de sel.

Au fil de l’exploitation de nouveaux territoires, l’esclavage est la naissance d’une nouvelle forme de capitalisme de rente. Dans l’ordre, nous trouvons d’abord les Portugais, puis les Espagnols, ensuite les Hollandais, suivent de près les Anglais, enfin, plus tard les François, bons derniers parce très occupés auparavant à s’étriper sur des thèmes majeurs, à savoir : Marie – la maman de Jésus – était-elle vierge, mais aussi sur un point de vocabulaire fondamental à éclaircir entre transsubstantiation et consubstantiation. Débats endormis mais toujours ouverts.

Des Africains, solides et résistants, devaient remplacer les Autochtones, survivants de massacres, trop peu nombreux et assez nonchalants devant le labeur obligatoire, mais aussi les premiers travailleurs blancs européens[1] importés par rafles mais si fragiles sous les tropiques.

Les rendement financiers, comparés à d’autres activités de ces époques, n’étaient pas très élevés[2]. Un capitaine de navire négrier ne pouvait tolérer trop de pertes dans sa marchandise[3] sinon à risquer d’écorner capital et bénéfice ; il était attentif à un minimum de soins pendant la traversée. L’équipage parfois était encore plus mal traité[4].

Le moteur de l’esclavage c’était donc la cupidité, lié au ratio de l’efficacité et du moindre coût ; rien de nouveau sous le soleil.

Pour rester dans l’esprit de Madame Angot, j’ai le récit de ma belle-mère.

Début 1943, petite paysanne âgée de 17 ans, elle allait vendre régulièrement ses œufs sur la place du marché de Tarnow (Pologne). Un jour, alors que bien installée, inopinément, tous les accès de la place sont bloqués ; vigoureusement aidée par quelques coups de crosse assénés par de solides gaillards de son âge, elle dut grimper dans un des nombreux camions en partance pour l’Allemagne en compagnie de quelques personnes juives. Oświęcim étant sur le parcours, un arrêt obligatoire permit à ces personnes de descendre du véhicule.

Ma belle-maman, gratuitement, cultiva donc le jardin et entretint le bétail du IIIe Reich chez un couple de propriétaires vieillissants plutôt charitables[6] ; elle y rencontra mon beau-père, prisonnier de guerre.

Surprise ! Dans les années 1980, elle reçut de la RFA une petite indemnité, solde de tout compte, pour activité non-salariée de la période 1943-1945. Mon beau-père n’a rien reçu.

Elle n’a jamais eu de nouvelles des personnes rencontrées dans le camion. 


[1] Un écueil important : les jésuites accompagnateurs n’appréciaient pas l’exploitation des chrétiens.

[2] Actuellement, le taux versé aux actionnaires dans certaines activités – maison de retraite, autoroute,… se situe entre 14 et 17 % ; pour la traite négrière, activité à hauts risques – piratages, maladies, tempêtes,… le taux n’aurait jamais dépassé dans le rare et meilleur des cas 6 % .

[3] Veuillez m’excuser de cette apparente brutalité, mais c’est pour rester froid comme un plan comptable.

[4] Il m’est d’ailleurs difficile de comprendre pourquoi Jean-Marie Arouet, esprit lucide de son temps et que j’apprécie, investit dans cette entreprise antillaise gonflée d’aléas.

[5] Désagréable à écrire, mais étaient-ils autre chose que du bétail pour leur propriétaire ?

[6] Leur fils effectuait une forme de tourisme en Union soviétique.


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