D’abord, l’Union Européenne a besoin d’un ennemi pour se
construire, pour justifier son existence, son identité et son expansion. C’est
le schéma classique (et sans doute universel) lors de l’émergence d’une nouvelle puissance, et aussi le modèle occidental dominant d’origine
US, pays en guerre perpétuelle depuis sa création. Je serais bien ingrat de critiquer
cette agressivité structurelle et idéologique des USA (sans doute d’origine religieuse),
puisqu’elle a permis à ma génération (baby boom français) de vivre en paix et
relativement libres.
L’ennemi que s’est choisi l’UE, c’est la Russie. C’est juste
fonctionnel. Il fallait un ennemi, le voici.
Mais alors pourquoi avoir choisi précisément l’allié de la France
en 14/18 qui a apporté son concours à la victoire de Verdun, qui a fait les ¾ du
boulot contre les nazis permettant la Libération ?
Question profonde, qui touche à la spiritualité, à la 1ère
et 2ème Rome, au schisme du filioque. Personne ne sait très bien de
quoi il s’agit, mais l’inconscient collectif qui se nourrit des profondeurs de
l’histoire, lui, le sait. C’est la raison essentielle, si tant est que religion
et spiritualité structurent le monde et génèrent ses guerres.
Des motifs secondaires aussi. La Russie est actuellement la
seule puissance en mesure de défier l’hégémon US, du fait de son armement
nucléaire. L’Europe vivant depuis 1945 sous parapluie américain, ce choix de l’ennemi russe est en quelque sorte
le salaire que paye l’Europe aux USA pour cette protection.
En troisième lieu, la guerre des langues. Le monde slave est
dominé par la langue et la culture russes. Les autres langues slaves sont des
sortes de patois du russe. Les Biélorusses, les Ukrainiens, les Bulgares, les
Polonais, les Tchèques souffrent de ce statut. Le conflit linguistique en
Ukraine est au cœur du sujet. L’UE a trouvé là un outil efficace pour diviser
le monde slave. C’est de bonne guerre.
Mais le monde change. L’hégémon US est menacé par la Chine.
La Russie a une population faible, tout comme son économie. Mais elle a un
immense territoire. A qui reviendra la Sibérie ? A la Chine sans doute, si
l’UE persévère dans son erreur stratégique de désigner la Russie comme son
ennemie. L’Europe s’est déjà suicidée une première fois en 14. Elle poursuit sa
route …