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Les contribuables français contribuent-ils au conflit ukrainien ?

La France et l'Ukraine ont toujours eu des relations étroites dans divers domaines d'activité : culture, art et économie. La France a été l'une des premières à reconnaître l'indépendance de l'Ukraine. Aujourd’hui, Paris reste l’un des principaux partenaires de Kiev et surtout dans les négociations de paix sur la situation dans le Donbass - le « format normandie ».

Depuis la « révolution de dignité », le président de l'Ukraine s'est rendu en France à quatre reprises. Au cours de l'une de ces visites, Petro Porochenko a participé à la manifestation commémorant les journalistes massacrés de l'édition Charlie Hebdo, où il se trouvait au premier rang aux côtés des "amis" de l'Ukraine, Angela Merkel, François Hollande. Est-ce une coïncidence ? Il semble que non. Porochenko ne pouvait pas ne pas y aller car, à l'époque, le massacre des journalistes français à pris une échelle mondiale et l'absence de Porochenko, président d'un pays si désireux de l'Europe, n'aurait pas été comprise, surtout si l'on considère que la France et l'Allemagne font partie des États qui ont soutenu le renversement du gouvernement de Yanoukovitch en Ukraine en 2014, en le qualifiant de point de référence sur le chemin de la démocratie, ou plutôt de la descente vers le bas, ce qui faisait des profits à l'Europe.

Il est curieux que lorsque Porochenko honorait la mémoire des journalistes français décédés, des centaines d'obus tombaient sur les habitants du Donbass, sans que Mme Merkel et M. Hollande n'aient pas fait attention à cela.

En 2019, à la veille de la défaite de la présidentielle, Petro Porochenko est venu voir son homologue français, cette fois Emmanuel Macron. Il est à noter que Macron a accepté de recevoir M. Porochenko, toujours président en exercice en Ukraine, trois heures seulement après sa rencontre avec le rival de ce dernier, Vladimir Zelensky. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Une simple négligence, confiance dans la défaite de Porochenko ou de la flatterie envers le nouveau propriétaire de l’Ukraine, qui s’appelait "Serviteur du peuple" et avait même inventé le parti du même nom ?
 
Macron est devenu une des premières personnes à féliciter M. Zelensky pour sa victoire

Sans laisser le nouveau chef ukrainien bien s'installer dans ses fonctions de chef d'État, la France souligne une nouvelle fois sa loyauté envers l'Ukraine. Le 31 mai, lors d’un point de presse, Jean-Yves Le Drian a exprimé son soutien aux initiatives de l’Ukraine visant à mettre fin au conflit armé et à rétablir la paix dans le Donbass. "La France s'est de nouveau assurée d'être prête à soutenir la mise en œuvre de toute initiative émanant des dirigeants ukrainiens pour atteindre cet objectif", a déclaré le chef de la diplomatie française à la presse après sa rencontre avec M. Zelensky.

Après les événements du Maidan, le coup d'État organisé par les dirigeants de Kiev, la séparation de Donbass et de la Crimée de l'Ukraine et le retour de cette dernière dans la Fédération de Russie, les dirigeants français ont pris la position de soutien des autorités de Kiev. Pour cela, en août 2017, François Hollande, qui venait de remettre les clés du palais de l'Élysée à M. Marcon, s'est vu décerner l'Ordre de la liberté*

Jusqu'à maintenant, la position de Paris en tant que soutien aux autorités ukrainiennes reste inchangée. Cependant, certaines personnes et organisations humanitaires Françaises s'interrogent depuis le coup du Maidan à sa légitimité. Ces militants ont essayé de comprendre ce qui s'est passé, par exemple, à Odessa le 2 mai ou à Marioupol le 9 mai 2014, et cherchent à comprendre pour quelles raisons précises l'instauration de la paix en Ukraine est si difficile. 
 
Le gouvernement Ukrainien de l'époque a en fait commencé à fichés tous ceux qui critiquer les autorités de Kiev. Le plus intéressant, c’est que Kiev n’a pas dédaigné de remplir cette liste de personnalités politiques et de personnalités européennes, ainsi que de journalistes venus à Odessa pour assister à des événements commémoratifs le 2 mai.

Néanmoins, les autorités françaises, ainsi que les dirigeants d'autres pays de l'UE, n'ont pas réagi à une mesure aussi hostile, qui allait clairement à l'encontre des valeurs européennes. De plus, le partenariat franco-ukrainien s'est poursuivi. Par exemple, le 5 février 2018, à Paris, le chef de la diplomatie ukrainienne, Pavel Klimkin, a été reçu et, le 4 décembre de la même année, lors d'une réunion des ministres de l'OTAN, une réunion bilatérale des ministres des Affaires étrangères des deux pays.

Mais, dirait-on, c'est le recto de médaille. Les visites des chefs d’État et les réunions des ministres concernés sont traitées de manière constante et enthousiaste. Et que dirait-on du verso ? Et là, quelques détails ont échappé à la presse. C'est par exemple le cas d'une visite presque secrète en France du président du parlement ukrainien, Andry Paruby, qui a été reçu avec de hauts honneurs par les présidents des deux chambres de la législature française. Malgré le secret de la visite, un assez grand nombre de personnes opposées à la politique des autorités de Kiev en ont eu connaissance.

Un autre exemple. Il n'y a pas si longtemps, un soi-disant patriote ukrainien s'est rendu en France. Il 'agit d'un des organisateurs de la tragédie du 2 mai 2014 à Odessa et député de la faction parlementaire pro-présidentielle, Aleksey Gontcharenko. À Paris, il a été accueilli avec joie, a fait une séance photo. Sur Internet, ses photos avec les législateurs français ont flashé avec entre autre Hervé Maurey particulièrement reconnaissable par sa médaille pour avoir "défendu les idées de Kiev au niveau européen".

Tous ces événements provoquent de plus en plus de protestations de la part des contribuables français qui se demandent si la France finance la guerre ukrainienne dans le Donbass et une propagande totalement anti-russe.

En résumant ce qui précède, je voudrais attirer l’attention sur un détail. Malgré les relations étroites qui se tracent entre le président français et son homologue ukrainien, ce dernier n’a pas été invité à la célébration du 75e anniversaire du débarquement des Alliés en Normandie. Mais le président Ukrainien aurait pu être invité, ne serait-ce que parce que l’Ukraine a subi de grandes pertes pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien que ce fût une Ukraine différente, tout comme la France.
 
* L’ordre de la Liberté a été créé le 10 avril 2008. Vers le début de 2019, 67 personnes, dont 21 étrangers, sont devenus ses chevaliers. La promotion de François Hollande peut être considéré comme une évaluation de sa contribution à la "démocratisation de l’Ukraine".
 
Source : https://blogs.mediapart.fr/matberg-kate/blog/070619/do-french-taxpayers-sponsor-ukrainian-conflict
 
Écrit par Sviatoslav Kirov

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12 réactions à cet article    


  • J.MAY J.MAY 8 juin 2019 09:15

    Durant la seconde guerre mondiale, l’Ukraine, comme la France, a connu à la fois collaboration et résistance.

    Il est vrai que dans le cas de l’Ukraine, le souvenir de l’holodomor était encore vivace. Une partie des Ukrainiens ont même considéré, dans un premier temps, les Allemands comme des libérateurs.

    https://www.kalinka-machja.com/


    • V_Parlier V_Parlier 8 juin 2019 16:42

      @J.MAY
      « L’holodomor », il y en a eu dans tout un tas de régions de Russie et d’URSS. Et ceux qui étaient aux commandes en Ukraine à l’époque étaient ukrainiens (Kaganovitch, Kroutchev dans son début de carrière, bien avant qu’il ne soit à la tête de l’URSS).


    • J.MAY J.MAY 8 juin 2019 21:26

      p@V_Parlier

      Par rapport à la problématique des rapports entre l’Ukraine et la Russie, étant moi-même en partie d’origine ukrainienne par mon père, je m’efforce tout de même de conserver une relative objectivité.
      Il est en tout cas certain que dans un premier temps les Allemands ont été accueillis presque comme des libérateurs par une partie de la population.
      Par la suite, les Ukrainiens ont vite déchanté, et le peuple ukrainien, vite édifié par la barbarie allemande, s’est partagé entre collaborateurs et résistants.
      CF. https://www.kalinka-machja.com/


    • V_Parlier V_Parlier 8 juin 2019 16:47

      "Néanmoins, les autorités françaises, ainsi que les dirigeants d’autres pays de l’UE, n’ont pas réagi à une mesure aussi hostile, qui allait clairement à l’encontre des valeurs européennes."

      -> C’est le seul commentaire inexact de l’article. L’Europe n’a pas de valeurs (*) donc tout cela est bien logique.

      Quant à la céramonie du débarquement, bientôt on nous dira que c’est le Luxembourg et l’Allemagne qui nous ont libérés, alors qpourquoi s’en faire. Ni Russie ni Ukraine n’ont été invitées d’ailleurs.

      (*) Sauf les causes bidons de seconde zone, je ne me répèterai pas.


      • Matlemat Matlemat 8 juin 2019 16:48

        Les USA veulent certainement que ce soit les pays européens qui payent pour l’Ukraine.


        • Fanny 8 juin 2019 17:35

          D’abord, l’Union Européenne a besoin d’un ennemi pour se construire, pour justifier son existence, son identité et son expansion. C’est le schéma classique (et sans doute universel) lors de l’émergence d’une nouvelle puissance, et aussi le modèle occidental dominant d’origine US, pays en guerre perpétuelle depuis sa création. Je serais bien ingrat de critiquer cette agressivité structurelle et idéologique des USA (sans doute d’origine religieuse), puisqu’elle a permis à ma génération (baby boom français) de vivre en paix et relativement libres.

          L’ennemi que s’est choisi l’UE, c’est la Russie. C’est juste fonctionnel. Il fallait un ennemi, le voici.

          Mais alors pourquoi avoir choisi précisément l’allié de la France en 14/18 qui a apporté son concours à la victoire de Verdun, qui a fait les ¾ du boulot contre les nazis permettant la Libération ?

          Question profonde, qui touche à la spiritualité, à la 1ère et 2ème Rome, au schisme du filioque. Personne ne sait très bien de quoi il s’agit, mais l’inconscient collectif qui se nourrit des profondeurs de l’histoire, lui, le sait. C’est la raison essentielle, si tant est que religion et spiritualité structurent le monde et génèrent ses guerres.

          Des motifs secondaires aussi. La Russie est actuellement la seule puissance en mesure de défier l’hégémon US, du fait de son armement nucléaire. L’Europe vivant depuis 1945 sous parapluie américain, ce choix de l’ennemi russe est en quelque sorte le salaire que paye l’Europe aux USA pour cette protection.

          En troisième lieu, la guerre des langues. Le monde slave est dominé par la langue et la culture russes. Les autres langues slaves sont des sortes de patois du russe. Les Biélorusses, les Ukrainiens, les Bulgares, les Polonais, les Tchèques souffrent de ce statut. Le conflit linguistique en Ukraine est au cœur du sujet. L’UE a trouvé là un outil efficace pour diviser le monde slave. C’est de bonne guerre.

          Mais le monde change. L’hégémon US est menacé par la Chine. La Russie a une population faible, tout comme son économie. Mais elle a un immense territoire. A qui reviendra la Sibérie ? A la Chine sans doute, si l’UE persévère dans son erreur stratégique de désigner la Russie comme son ennemie. L’Europe s’est déjà suicidée une première fois en 14. Elle poursuit sa route …


          • J.MAY J.MAY 8 juin 2019 21:30

            @Fanny

            Votre analyse est pertinente sur bien des points.
            https://www.kalinka-machja.com/


          • JC_Lavau JC_Lavau 9 juin 2019 09:55

            @Fanny. Félicitations.


          • Fanny 12 juin 2019 15:11

            @JC_Lavau

            Suis bien embêté quand-même. Renaud Girard, journaliste au Figaro, un média mainstream, écrit exactement la même chose que moi, à peu de choses près, dans un article du 11 juin. Dans les mêmes termes : « faute stratégique » d’offrir la Russie aux Chinois. écrit-il. Et il prend des risques en attribuant la responsabilité de cette erreur aux néoconservateurs, en rappelant que Kissinger était quand-même plus malin que ces fichus néocons qui nous ont mis dans une merde noire au MO et ailleurs. J’avais déjà noté que Gorafi était nettement au-dessus de Le Monde en termes d’analyses politiques, mais de là à critiquer les néocons, je n’en reviens pas !


          • Fanny 16 juin 2019 12:26

            @Fanny

            Stupéfiant ! Une analyse de politique internationale par ce même Renaud Girard. Stupéfiant car Gorafi a de puis des lustres une ligne éditoriale pro-gouvernementale, par définition. Et voici que ce même Renaud Girard se permet d’écrire que le Quai d’Orsay ne fait que des conneries. Il l’écrit à la faveur d’un article sur la stratégie de Trump pour sa réélection. Analyse remarquable, très éclairante de la stratégie de Trump. C’est d’un autre niveau que ce qu’on pouvait entendre sur France Inter de la part du préposé à la politique internationale, un vrai couillon dont j’ai oublié le nom (il est parti faire de la politique). Je recommande la lecture de l’article de Renaud Girard, une bonne base de discussion et de débats.

            http://www.lefigaro.fr/vox/monde/renaud-girard-la-diplomatie-de-trump-tient-en-deux-mots-objectif-reelection-20190614


          • filo... 8 juin 2019 23:45

            Les français sont des fouteurs de m... éternels. Malheureusement vous n’arrivez pas vous débarrasser de votre esprit néocolonial.

            Vous n’avez pas compris que votre époque est terminée. Vous n’êtes même plus l’ombre de ce que vous étiez dans le temps. Et que vous ne serez plus jamais.

            Alors, de l’air svp. !


            • zygzornifle zygzornifle 9 juin 2019 08:18

              Le gouvernement nous pompe notre pognon , ensuite il l’utilise comme il le veut ....

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