La science s’intéresse aux faits dits « objectifs ». Or cette objectivité du monde dit « extérieur », « réel » est aussi un postulat.
Voir Husserl là-dessus qui n’accorde pas à l’objectivité du monde extérieur une évidence apodictique pour reprendre le vocabulaire d’Husserl.
On peut aller voir du côté du bouddhisme qui propose quelque chose de voisin.
Enfin, les sciences ne fourniront toujours que des vérités partielles. Cette incapacité à la vérité vraie explique en grande partie que les sciences débouchent souvent sur l’utilitarisme, c’est-à-dire la fabrication d’outils et la transformation du monde dit extérieur..
Les sciences partant du bas, c’est-à-dire de la pluralité, progressent de proche en proche. Jamais elles n’accéderont à la totalité.
Car cette totalité est infinie et inépuisable.
Enfin, les sciences ne s’adressent qu’à la partie rationnelle de l’homme et dévalue les autres approches : artistiques, sentimentales, philosophiques, mystiques, gnostiques..
Jamais une civilisation qui, comme aujourd’hui, divinise les sciences, ne s’est trouvée autant au bord du gouffre. Ce n’est bien évidemment pas un hasard. Cela provient en grande partie des présupposés implicites des postulats scientistes : matérialisme, mécanisme, rationalisme (je reprends ici la trinité mentale explorée par Guénon dans son ouvrage : Le règne de la Quantité.)
L’incapacité aussi de la raison de maitriser les approches systémiques y est pour beaucoup aussi. En effet, la raison isole les phénomènes les uns des autres, charcutant ainsi le réel (supposé objectif). Cet isolement est utile dans une première approche afin d’étudier les phénomènes.
Sauf que le « réel » ne fonctionne pas comme cela. Il est de nature systémique avec une interdépendance totale des phénomènes et des objets à la fois entre eux et avec le Tout. (C’est d’ailleurs un des résultats majeurs de la PQ)
Cela exclut d’entrée toute possibilité pour l’homme d’arriver à la fois à une compréhension totale de l’Univers comme de sa maitrise.
Bref, l’intérêt des sciences devient, suite à cette analyse, très limité.
Malgré tout, l’éthique scientifique a été sans doute une des meilleures éthiques jamais inventée. Nietzsche le reconnaissait à son époque déjà. Bien supérieure aux éthiques religieuses, sujettes à toutes les déviances innombrables et favorisant la bêtise, la superstition, la bigoterie, et le sentimentalisme désuet..
Il faut sans doute voir les sciences comme un sous-moment dialectique de la pensée humaine. La prise en compte de l’interdépendance universelle devrait être l’occasion de remettre en cause la logique binaire sous-jacente au rationalisme et ainsi accéder à une logique dialectique (tétravalente) plus apte à l’état réel de l’Univers. (Une tentative avait été faite par Lupasco avec sa logique trinitaire)