Affaire Perinçek - Communiqué de Pierre Nora, président de Liberté pour l’histoire Jeudi 19 novembre 2015 / Paris, le 5 novembre 2015
L’association Liberté pour l’histoire a appris avec satisfaction
l’arrêt rendu par la grande chambre de la Cour européenne des droits de
l’homme le 15 octobre 2015 sur ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire
Perinçek, condamnant le gouvernement suisse pour violation de la liberté
d’expression de Dogu Perinçek.
Ce citoyen turc avait, lors d’une conférence tenue en Suisse, nié que
les massacres des Arméniens perpétrés en Turquie en 1915 et 1916
puissent être qualifiés de génocide et considérés juridiquement comme
tels. Cet arrêt met fin à toute possibilité de nouveau recours.
À
titre d’historiens et de citoyens, les membres de Liberté pour
l’histoire rappellent qu’il leur paraît parfaitement légitime de
qualifier les massacres commis par les Turcs contre les Arméniens de
génocide. Ce contre quoi ils se sont toujours insurgés c’est la qualification juridique de génocide, avec toutes les conséquences pénales qu’elle entraîne.
Dans un État libre et démocratique, il n’appartient en effet à
aucune autorité politique ou judiciaire de définir la vérité historique
et de restreindre la liberté de recherche et d’expression sous la menace
de sanctions pénales.
Cet arrêt d’une cour de justice internationale confirmant les
conclusions du Conseil constitutionnel français de 2012 semble mettre un
terme aux tentatives d’intervention de l’exécutif ou du législatif en
matière de qualification du passé. C’est une victoire de la liberté à
laquelle notre association peut se féliciter d’avoir largement
contribué.