@P.-A. Teslier
« création progressive » signifie qu’initialement il n’y a rien, puis peu à peu des éléments sont créés, la vie apparaissant ensuite, il ne s’agit pas d’une description scientifique mais métaphorique et poétisée. Dès le 2è siècle, Origène relevait qu’il y a des incohérences « logiques » dans le récit de la création, et que donc ce n’est pas à comprendre de manière littérale. C’est la différence entre l’esprit (le sens général) et la lettre (le détail). Tout est exprimé avec les concepts et termes en vigueur à l’époque de la rédaction, chaque époque ensuite le lit dans le cadre des connaissances et notions qui sont les siennes (exégèse), le message théologique demeure.
Il y a, me semble-t-il, un problème plus complexe, qui est le fait que la Bible hébraïque (Ancien Testament) incorpore un roman national belliqueux, un corpus législatif caduque, ou encore un recueil de maximes, qui s’éloignent de l’aspect théologique -car le « Livre » se voulait globalisant-. Certains passages seraient donc à « dé-canoniser » si l’on peut dire, dans le cadre religieux. C’est du reste un peu ce qui est fait par la sélection des passages qui figurent dans les cérémonies religieuses, mais cela n’apparait pas explicitement dans les livres (par exemple faire figurer en italiques les passages non-reconnus théologiquement). La sélection de Marcion ou encore celle de Jefferson ont été particulièrement restrictives.