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Commentaire de Henri Masson

sur L'impôt linguistique au service de nos banlieues


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Henri Masson 27 novembre 2005 12:13

L’apprentissage de l’anglais est bel et bien un problème en soi, contrairement à ce qu’exprime freak0.

Ce fait a été constaté à maintes reprises, et pas seulement en France. Voir l’exemple coréen où l’on pratique une incision du frenulum (le frein de la langue, petite membrane située sous la langue) des enfants, afin que leur langue inadaptée à la phonétique de l’anglais soit plus agile et plus souple pour la prononcer correctement. D’une certaine façon, une comparaison est possible avec l’excision : l’anglais n’est-il pas la langue divine, celle par laquelle Dieu communique ses ordres à Bush ?

Retour en France :

1982 — Rapport Bertaux : “Nos élèves sont, à 99%, incapables de faire une phrase de leur cru, incapables de lire un article de journal, incapables de s’entretenir avec un camarade de leur âge dans sa langue.

1992 — Rapport de l’Inspection générale de l’enseignement : “l’hégémonie de l’anglais pose problème”. Les résultats ne sont pas à la mesure de l’effort fourni : “Toujours heureux de pouvoir répondre à des questions par des bribes d’énoncés ou des mots isolés, les enfants sont plus rarement capables de faire des phrases complètes. En définitive, le gain le plus net et le plus durable semble être d’ordre psychologique plutôt que linguistique.

1995 — Rapport n° 73 de la commission du Sénat sur l’enseignement des langues : “situation alarmante”.

Rapports du sénateur Legendre. Confirmation de la débâcle : ”Vers un nouveau contrat pour l’enseignement des langues vivantes”. Jacques Legendre. Paris : Les rapports du Sénat. n° 73, 1993-1994. ”Pour que vivent les langues... : L’enseigement des langues étrangères face au défi de la diversification”. Jacques Legendre. Paris : Les rapports du Sénat. n° 63, 2003-2004.

« D’accord l’esperanto est plus simple que l’anglais, mais est il aussi efficace ? », écrit freak0.

Réponse :

On peut affirmer avec une certitude absolue que l’espéranto est de huit à dix fois plus facile que n’importe quelle langue étrangère et qu’il est possible d’acquérir une parfaite élocution sans quitter son propre pays. Ceci est en soi un résultat très appréciable.

Ça, c’est l’avis exprimé par INAZO Nitobe (1862-1933), membre de l’Académie Impériale du Japon, Secrétaire Général adjoint de la Société des Nations, dans un rapport du secrétariat général de la SDN publié en 1922 sous le titre « Esperanto as an International Auxiliary Language / L’espéranto comme langue auxiliaire internationale ». INAZO Nitobe avait participé en observateur au congrès universel d’espéranto de Prague en 1921 pour se rendre compte par lui-même de l’efficacité de cette langue. Le gouvernement français d’alors s’était farouchement opposé à ce que la question de l’espéranto soit débattue à la SDN. L’utilisation des locaux scolaires fut interdite pour les cours d’espéranto par une circulaire du ministre de l’instruction publique, Léon Bérard.... qui devint ambassadeur du gouvernement de Vichy au Vatican. C’est l’époque où, en outre, le gouvernement avait fait occuper la Ruhr, ce qui donna une chance extraordinaire à Hitler pour faire monter de plusieurs crans, en Allemagne, la haine contre la France. Pourtant, justement en Allemagne, l’espéranto, langue née d’une démarche humaniste et pacifique, était alors enseigné à 22 000 élèves... L’attitude des gouvernement français n’a donc pas évolué, à part un court intermède lorsque Jean Zay devint ministre de l’Éducation nationale lors du Front populaire.

Tolstoï avait eu la curiosité de comparer le volapük et l’espéranto, et il en était venu à la conclusion :

Il est si facile qu’ayant reçu, il y a six ans, une grammaire, un dictionnaire et des articles de cet idiome, j’ai pu arriver, au bout de deux petites heures, sinon à l’écrire, du moins à lire couramment la langue. (...) Les sacrifices que fera tout homme de notre monde européen, en consacrant quelque temps à son étude, sont tellement petits, et les résultats qui peuvent en découler tellement immenses, qu’on ne peut se refuser à faire cet essai.” (lettre aux éditions Posrednik, 27 avril 1894)

Malheureusement, tout à fait involontairement, Tolstoï avait été à l’origine d’une censure qui fut momentanément catastrophique pour l’espéranto en Russie et qui aurait pu l’être définitivement pour le monde entier. L’espéranto avait donc déjà démontré sa vitalité.

Ce qui est curieux, c’est que, contrairement Tolstoï, l’on ne soit pas plus curieux sur l’espéranto, mais aussi sur les raisons pour lesquelles certains veulent imposer au monde le véhicule par excellence de la pensée unique dont le siège est à la Maison Blanche :

« Un rapport de la CIA [de 1997] mentionnait que les prochaines années seraient décisives pour imposer l’anglais comme unique langue internationale. » ( « La superpuissance et l’expansion de l’anglais » : Jacques Leclerc /www.tlfq.ulaval.ca/axl/amnord/usa_6-8histoire.htm>)

« Chaque enseignant souhaite que sa matière soit enseignée, le plus tôt possible, et le plus largement possible. Les élèves sont surchargé des matières différentes, et l’on ne se concentre plus suffisament sur les bases. » (freak0)

Il y a au sein de la « diaspora » espérantophone une bonne proportion d’enseignants de langues et autres matières qui enseignent ou au moins utilisent aussi l’espéranto. Ils en tirent un bénéfice chaque fois qu’ils peuvent l’utiliser pour mieux faire comprendre certain aspects de la matière qu’ils enseignent, par exemple la géographie, l’accusatif en allemand, etc.


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