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Commentaire de Pascal L

sur L'islam pour les Nuls, ou la géopolitique de l'islam selon Antoine Sfeir (1)


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Pascal L 30 septembre 2019 15:30

Votre récit des débuts de l’islam correspond assez fidèlement à la Sîrah, la biographie de Al Qasim ibn Abd Allah dont le sobriquet est Muḥammad (Mahomet selon les traductions en Français). Ce qui est exact, c’est bien les guerres civiles entre futurs chiites et futurs Sunnites. Elles ont commencé dès l’année 656 (jusqu’en 661, le début du règne des Omeyyades) et ont repris entre 684 et 692, à la mort du gouverneur de Petra, ʿAbd Allah ibn Al-Zubayr.

La vie de Muḥammad n’est pas confirmée par d’autres textes historiques, sinon par sa présence à la bataille de Gaza en 634, c’est-à-dire deux ans après sa mort officielle. D’autres écrits non Musulmans situent sa mort à Jérusalem, donc après sa conquête en 636 ou 638. Après sa mort, il disparaît complètement des radars, car il n’existe aucun écrit datant de cette époque qui parle de lui, pas même sur un graffiti ou une pierre tombale. C’est ʿAbd Allah ibn Al-Zubayr qui le sort de l’oubli pour revendiquer le calfat, car il est un des plus proches descendant d’Al-Qasim et revendique le pouvoir en son nom. Nous avons donc des pièces de monnaie retrouvées à Bishapur en Perse qui datent de 684 ou 685 qui parlent de mḥmd. Ce mot de mḥmd est parfaitement ambigu, car il peut être un participe et se traduire par « Le loué » en arabe classique ou « le désiré » en araméen et « le désiré » est un titre qui s’applique plus à Jésus dont le retour était attendu qu’à Muḥammad dans la perspective très eschatologique des débuts de l’islam. En tout cas, c’est le vainqueur d’ibn Al-Zubayr, ʿAbd Al-Malik qui reprend cette appellation pour Al-qasim à partir de 694, sans doute pour arabiser la religion. C’est à cette époque que le nom de Muḥammad apparaît dans le Coran selon les résultats de l’étude des palimpsestes, dont en particulier celui de Sanaʿa.

Cette histoire de guerre civile est donc principalement une lutte de pouvoir où la religion n’est qu’un prétexte. Il est curieux que Chiites et Sunnites aient pu s’entendre sur un Coran unique mais deux Corans différents aurait mis des doutes sur son origine divine. Les Chiites ont tout de même revendiqué le fait que beaucoup de versets ont disparus à cause des Sunnites qui auraient effacé toute référence à Ali du Coran. D’après Hela Ouardi (voir ses deux livres : « les derniers jours de Muhammad » et « les califes maudits ») c’est le calife Omar qui aurait interdit à Muḥammad de désigner un successeur et désigné Abou Bakr As-Siddiq comme héritier. Hela Ouardi a essayé de construire une vraisemblance à partir de versets peu connus de la Sîrah mais elle nous montre surtout l’absence de fiabilité de cette tradition écrite 150 ans plus tard. Cette Sîrah ne montre aucun signe qui aurait permis une transmission orale du texte (rythme, rime...) et nous sommes donc face à une tradition qui n’a eu que l’écriture comme support, contrairement à ce qui est revendiqué dans le texte par les chaînes de transmetteurs (isnad). 


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