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Commentaire de Henri Masson

sur L'impôt linguistique au service de nos banlieues


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Henri Masson 27 novembre 2005 14:38

« Je pense qu’il y a eu un grand rendez-vous manqué après-guerre. Il fallait commencer une Europe des langues, cela aurait dû devancer l’europe économique. L’espéranto avait alors toute sa place. Maintenant je crains qu’il ne soit trop tard. »

C’est en effet très précisément ce qu’avait écrit Émile Servan-Schreiber dès 1969 :

En ne soutenant pas, pendant qu’il en est encore temps, l’espéranto, les peuples s’inclineront devant la suprématie inévitable tant culturelle qu’économique de l’anglo-saxon.

Le même avis avait été formulé par un grand journaliste du Monde, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, qui, dans “Le Monde“ (18 janvier 1984) avait écrit dans un article intitulé “La crise de l’UNESCO“ : “La faute originelle du système international - ne pas avoir choisi en 1946 une langue universelle « neutre », qui aurait pu être l’espéranto, enseigné dans toutes les écoles et seul langage à être utilisé par les Nations unies et ses agences spécialisées comme l’UNESCO, - a condamné celle-ci, avec ses deux langues de travail (français, anglais) et ses quatre autres idiomes officiels (espagnol, arabe, russe, chinois) sans parler de celles des cent soixante États-membres à entretenir en permanence une armée de traducteurs et interprètes représentant officiellement une dépense annuelle d’environ 10 millions de dollars.

J.-P. Péroncel-Hugoz ajoutait aussitôt :

Malgré cela, le 26 octobre 1983, jour de l’inauguration, en présence du président François Mitterrand, de la XXIIème Confé-rence générale de l’organisation, à Paris, le seul ordre du jour automatiquement distribué à la presse était en anglais...“.

C’est vrai que beaucoup d’années se sont écoulées depuis que ces avis ont été exprimés. Mais il faut tenir compte que, dans des conditions saines et normales d’information — ce qui est loin d’être le cas — le pouvoir de progression de l’espéranto est dix fois plus élevé que celui de l’anglais, donc dix fois moins lourd pour le budget des nations non anglophones. Même si ce n’était que 7 ou 8 fois, le jeu vaudrait encore la chandelle.

Je pense qu’il est bon d’avoir une langue internationale de communication. Mieux vaut l’espéranto que l’anglais, mais mieux vaut l’anglais que l’actuel éclatement, qui effectivement favorise les anglophones.

Banaliser l’anglais ne pourra finalement que l’affaiblir, puisqu’il est déjà indispensable et prépondérant.

L’anglais est effectivement menacé (même le prince Charles s’en était inquiété) et c’est peut-être ce qui explique que les parlements nationaux d’Europe où il y avait le plus de députés favorables à l’espéranto étaient d’abord celui d’Irlande puis celui de Grande-Bretagne...


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