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Commentaire de njama

sur La part du fils, pour les nuls


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njama njama 27 octobre 2019 23:14

C’est fou ce que la guerre, la résistance, les déportations, la Shoah, permettent de fabuler. Le thème est peut-être vendeur dans les publications littéraires ou qui passent pour telles, voire devenu une industrie ?

Pas plus tard qu’avant hier je lisais ici dans un article "Pendant la dernière Guerre, on avait fait subir aux juifs l’infamie de la délation, environ 4 millions de lettres avaient été écrites, pour dénoncer les juifs sous des prétextes les plus fantaisistes."

Ce chiffre de 4 millions dont l’auteur de l’article ne citait pas sa source me paraissait d’emblée complétement exagéré, et ubuesque. Il ne pouvait à l’évidence correspondre au nombre de délations qui eurent lieu en France à partir de 1941, sauf à penser qu’une bonne douzaine de lettres de délation aurait concerné « chaque » français juif, femmes et enfants compris, leur nombre n’étant que de 300.000 dans la population française en 1939.

Quelques petites investigations plus loin, je découvrais que la source provenait d’un certain André Halimi (1930-2013) né à Beja (Tunisie), études aux Collège Alaoui et Lycée Carnot à Tunis — qui n’a donc pas connu l’occupation — a été journaliste et producteur de télévision, et auteur de « La délation sous l’occupation » Éditeur : Le Cherche midi (11/02/2010), dans lequel il écrit que « De 1940 à 1944, entre trois ou quatre millions de lettres alimenteront les officines de répression. ».

L’homme n’est pas historien contrairement à Laurent Joly historien français spécialisé dans l’étude de l’antisémitisme, directeur de recherche au CNRS, qui situe le chiffre approximativement à 20.000 lettres, soit 200 fois moins ! 

La délation antisémite sous l’Occupation
Laurent Joly, Dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire 2007/4 (n° 96), pages 137 à 149 
https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2007-4-page-137.htm#pa43

En attendant que ce mythe de 4 millions de lettres de dénonciation sous l’occupation soit démonté et mis en pièces, il circule sur la base d’un écrit (documentaire ?) pas même autobiographique, sans rigueur historique.


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