@Eric F
La dernière mode : les cancers oropharyngés liés au sexe ! (article de 2010)
Depuis quelques semaines, la dernière maladie à la mode dans les médias, ce sont les cancers oropharyngés liés au VPH.[...]
Les cancers oropharyngés
Comme
la vaccination des garçons se justifie encore moins que celle des
filles (des effets secondaires inconnus pour un intérêt discutable, ça
ne peut pas vraiment remporter l’adhésion des parents), la nouvelle
vague de persuasion repose sur les cancers oropharyngés.
Suivez bien la logique : chez les personnes qui ont un cancer
oropharyngé, on trouve des traces de VPH. Donc, les VPH doivent
contribuer aux cancers oropharyngés, comme ils contribuent aux cancers
du col. Or, le nombre de cancers oropharyngés « explose » (disent les
médias) chez les hommes, probablement en raison de l’évolution des mœurs et de la « généralisation » de la sexualité orale. Évidemment, il serait inopérant de déconseiller la fellation ou le cunnilingus.
Mais heureusement, nous avons déjà un vaccin contre le VPH ! Et voilà
comment on va pouvoir inciter filles ET garçons à se faire vacciner.
C’est pas beau, ça ???
Seulement, cette belle logique, spectaculaire et surmédiatisée, ne tient pas la route.
D’abord, les cancers oropharyngés (en particulier des glandes
salivaires) sont très, très rares. Même leur « explosion » est toute
relative et les pourcentages (de 22 % à 51 % ! ) en eux-mêmes ne veulent
rien dire quand on sait quels chiffres réels ils cachent. En effet,
d’après le très sérieux British Medical Journal, aux
États-Unis, entre 1999 et 2006, l’incidence de ces cancers, chez les
hommes (ah, donc, ce sont eux surtout qui sont concernés par le sexe
oral ? C’est bizarre, non ?), a augmenté de 22 % - c’est-à-dire que le
nombre de cas est passé de 1,53 à 1,87 cas pour 100 000 hommes ! Au
Royaume-Uni, entre 1989 et 2006, elle a augmenté de 51 % chez les hommes
et elle passée de 7 à 11 cas pour 100 000 hommes. Quatre cas de plus
par an au bout de 15 ans, on ne peut donc pas vraiment parler d’une
épidémie.
De plus, ici encore, on oublie que les 2 facteurs les plus importants
de cancer sont la consommation d’alcool et de tabac (bien plus élevée
chez les hommes que chez les femmes), bien avant les relations sexuelles
orales. Les facteurs environnementaux, comme la pollution, les additifs
alimentaires et les pesticides ne sont pas pris en compte. (Le sexe de
notre partenaire est loin d’être ce qui nous passe le plus souvent par
la bouche, si vous me permettez cette image)
Et donc, quand on regarde les choses calmement, encore une fois, à
qui profite une information de santé spectaculaire (cancers en
augmentation !), culpabilisante (c’est le sexe incontrôlé !) et destinée
à nous faire peur, quand on ne regarde pas ce qu’elle recouvre
exactement ?
Elle profite toujours à ceux qui ont quelque chose à nous vendre.
Martin Winckler (Marc Zaffran, M.D.)
https://www.passeportsante.net/fr/Communaute/Blogue/Fiche.aspx?doc=la-derniere-mode-les-cancers-oropharynges-lies-au-sexe