@doctorix
Vous avez mal suivi le dossier, les représentants de l’UE ont cherché un accord dans lequel le Royaume Uni ne soit pas bénéficiaire à sens unique du marché européen sans en supporter les contraintes (pour éviter notamment un effet de contagion) mais ont dès le début affirmé que dès lors qu’il était engagé, le brexit devait aller à son terme (*), et les différents reports ont exaspéré Bruxelles. Ce qu’ils voulaient éviter, c’est un « no deal »
May s’est efforcé de conserver l’accès au marché unique sans payer le ticket d’entrée, Johnson de sortir sans trop essuyer de malus.
Il y a eu de ce fait une forme de bras de fer, plus policé dans le cas de Thérésa, plus abrupt dans le cas de Boris. Mais ceux qui affirmaient qu’il voulait un « no deal » se sont gourés, il a du forcer la main aussi bien vis à vis de Bruxelles que de son propre Parlement -ce qui a été bien plus difficile-, la dissolution était une étape nécessaire, comme je l’avais écrit fin aout (je n’ai jamais cru qu’il y ait brexit dur). Le Royaume Uni est un régime parlementaire, le passage en force n’était pas possible, mais la dramatisation a été payante vis à vis des électeurs. Tout s’est donc déroulé selon le « formalisme » (certes procédurier) et finalement l’« esprit » (le retour vers les urnes) de la démocratie britannique, Johnson a été un habile manœuvrier.
Encore une fois,les freins sont principalement venus de l’intérieur du Royaume Uni, ou certaines régions défendaient le « remain », ainsi que les milieux affairistes et les courants « anyware » au sens de David Goodhart (jet set, intellos, etc.). C’est la rançon du pluralisme.
« Ce n’est qu’un début »
Nous verrons déjà comment ça se passe pour le Royaume Uni. Les esprits ont eu le temps de s« y préparer, il n’y aura pas d’ »effet de stupeur« , et comme le pays n’avait qu’un pied dans l’Union, le gap n’est pas énorme. La bonne entente traditionnelle avec les USA est un atout, ils signeront un accord commercial et de coopération renforcée, je suis plutôt optimiste pour eux.
Il serait très hasardeux d’en tirer un enseignement applicable pour la France, très imbriquée au continent et qui a signé »la totale« des liens européens (euro, Schentgen, etc.). Le gap serait bien plus considérable.
(*) dès juin 2016, Angela Merkel a déclaré à propos de l’intention de brexit : »Je veux dire très clairement ce soir que je ne vois aucune manière d’inverser cela
"