Rapport britannique : Juppé et Sarkozy rattrapés par la guerre de Libye
S & P, La rédaction, 16 septembre 2016
Dans un rapport * publié mardi 13 septembre, les membres d’une
commission d’enquête parlementaire britannique dénoncent l’intervention
militaire du Royaume-Uni et de la France en Libye en 2011. Alain Juppé
mais surtout Nicolas Sarkozy y sont directement mis en cause.
Le document d’une cinquantaine de pages dénonce le fiasco d’une
intervention censée, au départ, être humanitaire (la ville de Benghazi,
dans le nord de la Libye, est alors assiégée par les forces loyalistes,
ndlr). Intervention qui s’est pourtant rapidement avérée être une
opération purement militaire contre le régime de Mouammar Kadhafi.
Pour les parlementaires, David Cameron est le « responsable final »
de l’échec de l’opération aérienne menée en application d’une résolution
de l’ONU. Pour les parlementaires, c’est cette décision qui a conduit
au chaos actuel : guerre civile, implantation massive des djihadistes
dans la région et envoi en masse de migrants vers l’UE.
Mais si la finalité du revers est attribuée au Royaume-Uni, la France est désignée comme étant à l’origine de l’initiative militaire…
Le rapport rappelle d’abord les déclarations au Conseil de Sécurité
de l’ONU d’Alain Juppé, à l’époque ministre des Affaires étrangères de
Sarkozy : « la situation sur le terrain est plus alarmante que jamais,
marqué par la reconquête violente des villes (…) il ne reste que peu de
temps, c’est une question de quelques heures ».
Avec la résolution 1973,
dont Juppé reste extrêmement fier, il s’agissait d’arracher à la Russie
et la Chine « le droit » d’intervenir pour « protéger » les populations
de Benghazi. Piège pervers et absolu, car la résolution 1973 autorisait
en réalité « toutes [les] mesures nécessaires » pour protéger les
populations, c’est-à-dire de façon implicite l’imposition d’un un
« changement de régime ».
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