Bel hommage à nos sœurs les vaches. Les vaches m’ont toujours fasciné. Je les salue toujours quand je passe devant une prairie avec mon vélo. Elles ne perdent rien de mon pédalage. Parfois les génisses suivent en courant jusqu’au bout du champ. En les voyant, c’est mon enfance qui revient. J’accompagnais mon père dans ses tournées de vente en campagne normande. Je revois les étables pleines de leur douce chaleur, les veaux vous léchant les mains, les paysans trayant encore à la main, installés dans ce quotidien immuable qui n’allait pas tarder à voler en éclat. Et puis le soir, nous allions une laitière à la main, chercher le lait à la ferme d’à coté. Une faible ampoule était installée dans la grange. La paysanne remplissait les laitières d’inox avec un entonnoir. C’était un peu biblique. Depuis quelque temps, j’ai repris ce manège, allant chercher mon lait dans une ferme bio. Le chien, un collet noir et blanc, me reconnait de loin, vient me faire la fête. Je remplis religieusement quelques bouteilles en verre. Je les dispose dans mon sac à dos. Le collet m’accompagne. J’évite les flaques, pas toujours la boue. Les odeurs m’enivrent. Je suis heureux.