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Commentaire de Frédéric Mahé

sur A quoi sert la grippe aviaire ?


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Frédéric Mahé Frédéric Mahé 8 mai 2006 19:49

Oui, j’ai bien vu qu’ils ne sont pas d’accord avec moi !!!

Je m’excuse de rentrer dans la technique, mais en fait nous avons un peu tous les deux raison : un virus n’est pas un prédateur, mais un parasite, qui force la cellule infectée à le reproduire, un peu comme un pirate de l’air détourne un avion vers la destination de son choix. La « mutation » du virus survient quand la cellule fait une erreur de retranscription du modèle (l’ADN) du virus, et produit un virus « raté ». Un virus muté est donc un virus mal copié, en quelque sorte. Si deux virus voisins coexistent chez le même animal, il existe même une chance pour leurs deux ADN soient « mixés » dans une copie erronnée.

Deux conséquences :

- de très nombreuses mutations donnent « naissance » à des virus complètement nuls, qui ne font rien du tout, ou une maladie bénigne, en fait l’immense majorité. Seuls surnagent les nouveaux virus plus résistants, plus invasifs. Il n’y en a pas beaucoup, mais sur le nombre, les chances d’obtenir un « super-méchant » ne sont pas négligeables. Les probabilités sont de toute façon faibles, mais fatalement, il peut survenir un virus très pathogène pour l’Homme. Il peut aussi survenir par la même filière un virus très pathogène pour l’Hippopotame ou l’Ornithorhynque, ou encore un virus qui ne provoquerait pas de maladie, et vaccinerait naturellement les humains contre la grippe annuelle !

- plus il y a de cellules disponibles pour le virus, plus les risques de mutation augmentent en nombre, de façon arithmétique. Et donc, plus il y a d’animaux exposés au même endroit, plus les occasions augmentent. Ceci dit, 1 mutation sur 10 000 000 réplications (=1 poulet), et dans ces mutaions, 1 sur 1 000 000 qui est dangereuse, par rapport à 200 000 poulets enfermés, le risque finit par être toujours fatal, mais pratiquement : très faible.

Grain a donc raison de souligner le risque lié à la surpopulation, mais il n’est pour moi pas un risque majeur dans la mutation du virus

Je vous rappelle que tous les ans, cette loterie génétique des virus grippaux est relancée, et que notre grippe banale en est le produit, les réservoirs de virus étant soit le porc, soit les oiseaux.

Mettez d’un côté les épidémies grippales depuis, mettons, 1918 (H1N1, la grippe « espagnole », en fait repérée d’abord aux USA en 1917) et de l’autre l’extension des élevages industriels, avicoles et même porcins (mettons, depuis 1960), vous verrez que ça n’a pas l’air lié (je suis prudent, en épidémiologie, il vaut mieux).

L’industrie à outrance est déjà responsable de pas mal d’inconvénients sans qu’on la charge avec des maux dont elle ne fait que pâtir, comme les autres.


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