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Commentaire de Vivre est un village

sur Des philosophes pas immunisés (contre la sottise)


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Vivre est un village Vivre est un village 18 mars 2020 15:49

@Vivre est un village
https://blog.mondediplo.net/coronakrach

Dans les marchés d’action ou dans les marchés de taux  ?

Une crise financière ne devient réellement sérieuse que lorsqu’elle gagne les marchés de taux, les marchés de la dette (qu’on appelle aussi, à tort mais de manière parlante, les marchés de gros du crédit (1)), où elle initie une vague de défauts en chaîne qui remonte immanquablement aux banques — puisqu’elles sont les principales créancières. Là, on peut commencer à paniquer. Le canal du crédit est atteint : les banques réagissent dans la crise avec la brutalité symétrique de leur laxisme dans le boom : elles prêtaient n’importe comment, elles ferment le robinet n’importe comment, dès qu’elles réalisent combien leurs créances sont douteuses, et restreignent toutes les lignes de financement dont la continuité est vitale pour les entreprises. Mais plus encore, les banques sont unies entre elles par des liens de dettes-créances d’une densité sans équivalent dans le reste de l’économie, si bien que la propagation des défauts de paiement au sein de cet isolat particulier prend immédiatement des proportions nucléaires.

Un risque systémique est matérialisé sitôt qu’une banque se trouve mise en défaut, qui, à elle seule, peut faire diverger tout le réacteur du marché interbancaire, puis tous les marchés de gros du crédit, et sans même avoir besoin d’être très grosse — par sa taille de bilan, Lehman (2) était une entité relativement modeste, on connaît la suite (car ce n’est pas la taille, mais le degré d’interconnexion qui fait le plus à l’affaire). Or le risque systémique est, à part l’hyperinflation, la forme maximale du désastre économique. Car, indépendamment de toute transmission à l’économie de production par le canal du crédit, ce sont les banques qui conservent les encaisses monétaires du public et gèrent l’infrastructure des paiements. Il s’en suit, si le système bancaire va à terre (et le problème est qu’à son niveau d’interconnexion interne, il y va, non pas par morceaux mais dans un bel ensemble) : plus de liquide au distributeur, plus d’accès à ses comptes, plus de paiement par chèque, retour au potager pour ceux qui en ont un et au stock de pâtes pour les autres. Indice parfait de ce que les élites néolibérales sont déterminées à ignorer les leçons les plus évidentes et les plus violentes de la réalité pour aller au bout du bout du profit, déterminées à ignorer le désastre environnemental qui vient comme le désastre financier qui revient, on se voit aujourd’hui à réécrire exactement ce qu’on écrivait il y a douze ans au moment de la crise des subprimes…

Pour l’heure nous n’en sommes pas là, très bien. Mais «  l’heure  », c’est combien de temps  ? Ça n’était pas pour des nèfles que fleurissaient dès avant le virus les anticipations de crise bien cognée. Pour faire simple : la situation d’ensemble de la finance est la même qu’en 2007 en pire. Les volumes de liquidité en circulation sur les marchés n’ont cessé de croître depuis, les bulles ont enflé comme il fallait, merci  ; les bilans bancaires sont loin d’avoir été tous nettoyés des suites des subprimes (en Italie, en Allemagne…), il reste donc de fameux points de fragilité au cœur de la race des seigneurs (Deutsche Bank notamment)  ; le mouvement de «  consolidation  » (reprises et fusions…) post-2008 dans le secteur bancaire laisse les régulateurs avec sur les bras des institutions financières privées encore plus too big to fail.

On est fonds de pension, on doit servir des retraites capitalisées, et tout ce qu’on trouve autour est du 1 %, comment on fait  ? Eh bien on fait comme d’habitude : l’acrobate

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