@Aimable
Bonjour, je crois d’abord qu’il y a
beaucoup de confusion, de querelles d’ego, d’arrières pensées politiques (cf
les Trumpitudes) dans le débat sur l’hydroxychloroquine qui empêche d’y voir
clair et surtout d’agir efficacement. Trop de monde donne son avis sur ce sujet !
Je rappelle que le Plaquenil
(hydroxychloroquine) est un médicament qu’on utilise dans plusieurs maladies. Il est incontournable dans la gestion du lupus
systémique, une maladie auto-immune qui touche surtout la femme jeune avec
comme symptômes : une sensibilité au soleil, une inflammation des
articulations. La maladie se complique souvent
d’une atteinte rénale. Le plaquenil est un traitement de fond de la maladie, il
permet de prévenir les poussées de la maladie.
En cas d’atteinte rénale, hématologique ou neurologique, le Plaquenil
est associé aux corticoïdes et aux
immunosuppresseurs. Le plaquenil est également utilisé dans le traitement des
formes mineures de la polyatrhrite
rhumatoïde, de la sarcoïdose, dans la maladie de Gougerot-Sjogren en cas
d’atteinte articulaire et dans le syndrome des anti-phospholipides (une maladie
auto-immune qui donne des avortements à répétition ainsi que des bouchons au
niveau des vaisseaux).
Le plaquenil est en général bien toléré ; il comporte
un risque d’atteinte de la rétine quand il est pris au long cours, mais ce
risque est endigué par le respect des
mesures de surveillance : champ visuel et électrorétinogramme. Par
ailleurs, le Plaquenil peut comporter un
risque de toxicité hématologique ou cardiaque ainsi qu’un risque d’allergie.
Il est vital qu’il puisse être
toujours disponible pour ces maladies. Le lupus tue encore beaucoup dans le monde,
en particulier dans les pays pauvres et il est même une des 5 premières causes de décès des
femmes jeunes dans le monde. Ma crainte est qu’il devienne indisponible pour
ces malades.
Concernant l’utilisation du
Plaquenil au cours de cette épidémie de coronavirus pour les malades infectés, la
mesure de la balance bénéfice/ risque penche en faveur de son utilisation car il
y a peu de risques d’effets secondaires
lors d’une utilisation de courte durée.
Etant donné, la gravité de la
situation, je pense que c’est préférable de le laisser pour les cas confirmés ou
vraiment suspectés et de le donner alors
sans attendre l’aggravation. Il ne faut pas par contre le donner à large échelle sans
discernement si on n’a pas encore ce médicament en stock suffisant pour prendre
en charge à la fois les personnes susceptibles d’être infecté par le
cov19 et les environ 5 millions de personnes atteintes du lupus dans le monde.
Je soigne au Maroc beaucoup de lupus et j’ai vu le stock de plaquénine disparaître des pharmacies car acheté par précaution par beaucoup de gens non malades. J’ai prescrit à beaucoup de mes malades lupiques cette molécule mais ils n’arrivent plus à en trouver. Le gouvernement nous a promis que ce médicament serait disponible sur ordonnance la semaine prochaine dans des directions de la santé pour les personnes atteintes du lupus ou d’une autre maladie auto-immune. En attendant ces patients sont morts de peur.
Voilà la réalité loin des débats en chambre
Cf mon article sur le lupus en 2018
https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/le-lupus-ce-mal-essentiellement-204194