« Dieu parle
cependant, tantôt d’une manière, Tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point
garde.
Il
parle par des songes, par des visions nocturnes, Quand les hommes sont livrés à
un profond sommeil, Quand ils sont endormis sur leur couche.
Alors
il leur donne des avertissements Et met le sceau à ses instructions,
Afin
de détourner l’homme du mal Et de le préserver de l’orgueil,
Afin
de garantir son âme de la fosse Et sa vie des coups du glaive.
Par
la douleur aussi l’homme est repris sur sa couche, Quand une lutte continue
vient agiter ses os.
Alors
il prend en dégoût le pain, Même les aliments les plus exquis ;
Sa
chair se consume et disparaît, Ses os qu’on ne voyait pas sont mis à nu ;
Son
âme s’approche de la fosse, Et sa vie des messagers de la mort.
Mais
s’il se trouve pour lui un ange intercesseur, Un d’entre les mille Qui
annoncent à l’homme la voie qu’il doit suivre,
Dieu
a compassion de lui et dit à l’ange : Délivre-le, afin qu’il ne descende pas
dans la fosse ; J’ai trouvé une rançon !
Et
sa chair a plus de fraîcheur qu’au premier âge, Il revient aux jours de sa
jeunesse.
Il
adresse à Dieu sa prière ; et Dieu lui est propice, Lui laisse voir sa face avec
joie, Et lui rend son innocence.
Il
chante devant les hommes et dit : J’ai péché, j’ai violé la justice, Et je n’ai
pas été puni comme je le méritais ;
Dieu
a délivré mon âme pour qu’elle n’entrât pas dans la fosse, Et ma vie s’épanouit
à la lumière !
Voilà
tout ce que Dieu fait, Deux fois, trois fois, avec l’homme,
Pour
ramener son âme de la fosse, Pour l’éclairer de la lumière des vivants. »
(Job 33 :14-30)