« Dans le monde de
l’économie néo-classique ce sont les entreprises qui imposent des produits aux
consommateurs, or cela devrait être l’inverse. »
Comme quoi, isoler une citation de son contexte peut faire
dire à son auteur autre chose (ou même le contraire) de ce qu’il entendait expliquer.
Cette formule illustre la théorie de la « filière
inversée », une conception mécaniste de Galbraith qui était un économiste
kénésien pour qui l’économie de marché était une loi de la nature régulée par
la fameuse main invisible de Smith, mais qui aurait été « pervertie » par
de mauvaises pratiques qui fausseraient cette harmonie naturelle.
Or, il ne suffit pas de « redresser » les éléments
pour rétablir un « ordre » qui serait plus juste. Les techniques de
marketing moderne ont tous les outils possibles pour précéder ou suivre la
demande avec les sondages boostés par la traçabilité du web et des smartphones,
la publicité qui remplace le besoin par le désir, la promotion qui pousse à
consommer un produit inutile en pensant » faire une affaire », etc.
La question n’est pas de savoir si c’est l’œuf ou la poule
qui est le premier, mais quel est le moteur de l’économie. Est-ce l’optimisation
de profits pour ceux qui disposent des outils de production, de distribution et
de communication, ou la prise en compte des besoins réels de la population en ne
la réduisant pas au statut de « consommateur » et en ne privilégiant
pas les secteurs les plus juteux au détriment de ceux dont le taux de profit ne
permet pas de s’enrichir assez vite ?