Bonsoir Christophe,
J’avais déjà noté la faiblesse de l’impact de la pandémie de
coronavirus sur la mortalité. Je l’avais aussi mise en relation
avec l’incroyable confinement de la moitié de la population de la
planète, me disant qu’il fallait tenter de trouver une explication
à cette réaction disproportionnée. J’avais noté aussi
l’obsession médiatique à nous asséner chaque jour une somme de
morts, comme si, en temps normal, personne ne mourait. Votre
démonstration claire et documentée m’a totalement convaincu. Elle
m’a aussi perturbé car elle nous mène vers des raisonnements
« complotistes » auxquels on peine à adhérer dans la
mesure où ils dévoilent une malveillance qu’on rechigne à
attribuer à des êtres humains. J’ai beaucoup réfléchi à
l’effondrement qui nous guette et je suis même en cours de
rédaction d’un ouvrage qui tente de définir les ressources dont
nous disposons pour nous en sortir. La « crise » du
coronavirus vient bousculer cette réflexion. Évidemment, le cours
des choses prend une tournure particulière, assez éloignée de ce
que l’on pouvait imaginer. Je partage avec vous le constat que nous
sommes gouvernés par des fous ; ceci, paradoxalement, peut
apparaître comme un espoir, si l’on se dit que les fous,
ordinairement, ne parviennent pas à a leurs fins et que si nous
faisons preuve de sagesse, nous devrions triompher de leurs projets
suicidaires.
Car, en effet, des menaces nucléaires, climatiques et biologiques
pèsent sur nous et on se demande si les furieux de pouvoir ont pris
la mesure des risques physiques qui en découlent pour l’ensemble
de l’espèce humaine. Pensent-ils – ici on frise le complotisme
dans ses dérives les plus radicales – résoudre le problème par
une diminution substantielle de la population mondiale ? Sans
doute, l’éducation de ces dominants a-t-elle travaillé à leur
faire vaincre l’empathie, la common decency,
qui vient naturellement à chacun.
Mais voilà : ces personnes
détiennent le pouvoir, celui qui les aveugle sans doute mais aussi
celui qui les rend redoutables. L’émergence d’un pouvoir mondial
contribuera, s’il advient, à distancier
encore davantage qu’aujourd’hui les conséquences vitales des
décisions d’en haut des souffrances qu’elles génèrent pour la
plupart au quotidien. En tout cas, une telle éventualité rendrait
difficile et héroïque une quelconque résistance, étant donné les
ressources technologiques aujourd’hui à la disposition des
pouvoirs.
Pourtant, si votre démonstration me
plonge dans la tristesse et me décourage, je reste persuadé que
notre seule chance consiste en une révolution existentielle et
axiologique : je veux dire qu’il s’agit de déconstruire le
piédestal d’argile d’une domination fondée sur l’idéal
de la richesse, de
la consommation ostentatoire et de signes de luxe qui persuade les
dominés de leur infériorité. Il faut que chacun se déprenne de
cette fascination invalidante et s’émancipe enfin, se jugeant
capable de se saisir de n’importe quel savoir pour n’en pas
laisser le simulacre à ces ectoplasmes qui nous gouvernent. En
d’autres termes, le remède ne peut venir que d’en bas.
Merci pour cet excellent article.
Didier Garreau