Réouverture des écoles : "Si on ouvre les vannes, les enfants seront à l’origine de la deuxième vague".
Pour le docteur Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des Médecins de France, une réouverture précipitée des établissements pourrait relancer l’épidémie. Entretien.
Marianne : Rouvrir les écoles, est-ce bien raisonnable dans le contexte sanitaire actuel ?
Jean-Paul Hamon : On voit que l’on a une épidémie extrêmement active. Ce n’est pas parce que l’on a, actuellement, une centaine de lits de réanimation supplémentaires qui sont vides que l’on doit relâcher l’étau. Parce que là, franchement, avec cette décision, il y a quand même un risque de relancer l’épidémie. Pour autant, je veux croire à la prudence affichée par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, en déclarant qu’il ne s’agira que d’un redémarrage progressif et ciblé par région. J’ose espérer qu’ils seront raisonnables là-dessus. Parce que si on ouvre toutes les vannes, c’est faire encourir un grand risque à la population. Que ce soit aux professeurs, aux parents, à leur entourage respectif, ou même aux enfants.
Sous quelles conditions les écoles pourraient rouvrir avant l’été, selon vous ?
Si l’on parvient à contenir l’épidémie
et que, dans le même temps, on réussit à obtenir assez de masques
pour le personnel et les enfants. On peut imaginer un scénario à la
coréenne où les élèves et les membres du personnel suspects
seront testés, tout comme l’entourage, tout en étant équipés de
masques, pour que la vie du pays se poursuive... Mais un tel choix
veut aussi dire que nous renonçons à la fameuse immunité
collective, où 60% de la population doit être touchée pour
neutraliser le virus, pour préférer acter le fait que le virus va
s’installer dans la durée et qu’il faut donc vivre avec. Il faut
trancher.
Pour ma part, je pense qu’il ne faut pas laisser filer
le virus, hypothèse privilégiée un temps par les Pays-Bas et la
Suède. En effet, à l’heure actuelle, 10 à 12% des personnes
atteintes ont besoin d’une hospitalisation dont une part nécessite
d’être admis en réanimation. Si 60% de la population développe le
virus, nous n’aurons jamais les capacités d’accueillir 4 millions de
personnes dans nos hôpitaux... C’est pour cela que la décision de
rouvrir les écoles peut apparaître comme étonnante. Sauf si cela
se fait de manière très très progressive.
L’Éducation nationale compte tout de même 800.000 enseignants et plus de 12 millions d’élèves... A-t-on au moins les moyens de leur fournir des masques et des tests en nombre suffisant ?
C’est difficile de l’imaginer même si
le gouvernement promet le contraire. Actuellement, je crois qu’il est
plus réaliste d’imaginer ces Français jouer le jeu de la débrouille
pour se protéger... En fabriquant par exemple des masques en tissus,
doublés, lavables et réutilisables. Même si on a dit aux Français,
au début de l’épidémie, que ça ne servait à rien d’être équipés
en masque, il faut bien se rendre à l’évidence que c’est le seul
moyen de se protéger. Beaucoup de personnes sont asymptomatiques et
transmettent le virus sans le savoir. Alors, en mettant un masque, on
se protège et on protège les autres. Même si les masques en tissus
ne sont pas idéals et ne protègent qu’à 85%...
Faute de pouvoir
protéger tout le personnel et les élèves des écoles, si l’on veut
vraiment desserrer la vis, la solution à privilégier, selon moi,
serait plutôt une ouverture de quelques écoles pour voir comment ça
se passe. Lancer une sorte de test pour ne pas prendre le risque de
relancer l’épidémie. Il ne faudrait pas réitérer certaines
erreurs. Je pense notamment au maintien de certains matchs de
football, comme par exemple Lyon-Juventus en février dernier qui a
provoqué énormément de cas dans les 15 jours suivants dans toute
la région Auvergne-Rhône-Alpes... La réouverture massive des
écoles provoquera à coup sûr le même genre de résultat.
Un mot sur les enfants : cette réouverture pourrait-elle leur faire courir certains risques ?
En théorie, on dit que les enfants ne
développent pas de formes graves. Cependant, on a eu quelques
contre-exemples. Il y a notamment le cas de cette adolescente de 16
ans qui est décédée du Covid-19 et qui n’avait aucun antécédent.
En réalité, le plus inquiétant, c’est que l’on ne connaît rien de
ce virus. Encore aujourd’hui. Par exemple, et on sort du simple cas
des enfants : en ce moment, nous sommes en train de découvrir
qu’avec ce virus, il peut y avoir des problèmes de coagulation, des
dermatologues nous avertissent sur des risques d’acrocyanose avec des
micro-emboles au niveau des doigts et avec des risques
d’embolie...
Alors pour les enfants uniquement, même après
plusieurs semaines d’épidémie, on ne sait pas encore tout. Pour le
moment, on a l’impression qu’ils tolèrent bien le virus, ils sont
quasiment asymptomatiques même s’ils sont porteurs. Dans ces
conditions, la prudence élémentaire, actuellement, n’est pas de
rouvrir les écoles. Mais si cela doit se faire, il faut être
extrêmement prudent, je le répète.
Est-ce que la réouverture des écoles pourrait être à l’origine de la fameuse deuxième vague épidémique ?
Si on ouvre les vannes largement, il est clair que les enfants seront à l’origine d’une recrudescence et donc de cette deuxième vague. Mais si on a les tests, si la population des écoles est masquée, je suis persuadé que cela pourra être contenu. Dans le cas contraire, le personnel des écoles sera en première ligne, tout comme leur famille. Et cela pourrait aller très vite. Même si je pense qu’il faut lâcher du lest à la population, pour éviter les troubles psychologiques notamment chez les personnes les plus isolées, et j’en vois chaque jour en consultation, il faut privilégier la prudence et ne surtout pas aller trop vite dans la reprise de certaines activités.
18/04 00:46 - Abou Antoun
@julius 1ER C’est une citation je reprends la phrase telle quelle par couper-coller avec (...)
17/04 17:44 - julius 1ER
@Abou Antoun çà ne rend pas le virus plus « létal » si l’on y ajoute un « h » (...)
17/04 17:41 - julius 1ER
Sacrés yankees, ils ne manquent pas d’air !!!! lorsque l’on voit l’hécatombe (...)
17/04 17:25 - julius 1ER
les futurs générations responsables des 23000 milliards de Dollars de Dette !!!! c’est (...)
17/04 10:25 - Ecureuil66
Je trouve cet article un peu confus .....quand on a fini de le lire (ouf c’est long) on (...)
17/04 08:56 - Fergus
Bonjour, Abou Antoun C’est en effet l’un des risques. Mais cette durée de vie (...)
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