@Baptiste B.
Les taux négatifs dont vous parlez concernent des titres de
dette publique de pays jugés « sûrs »,
(comme l’Allemagne et la France), mais en fait, ils révèlent la grande
incertitude quant à l’évolution future de l’économie et des marchés financiers :
les investisseurs se disputent ces titres dits « sans risque »,
malgré des rémunérations parfois négatives en effet.
Mais en fait, les taux bas ont également un impact en
matière d’inégalités sociales. « On ne prête qu’aux riches », même quand
l’argent est bon marché. Dans le cas de l’immobilier, la situation actuelle
offre aux investisseurs et aux particuliers les plus riches la possibilité de
multiplier les placements dans la pierre. Résultat : les prix de l’immobilier ne
cessent de croître au détriment des populations moins bien loties qui, elles,
subissent l’envolée des prix et loyers. A Paris, cette hausse s’apparente à une
bulle spéculative avec tous les dangers que cela comporte. Cela amène également
certaines grandes entreprises à s’engager dans des opérations de « buy-back » :
elles s’endettent non pour investir, mais pour racheter leurs actions, afin
d’en gonfler artificiellement le cours…
En plus, les taux négatifs affectent les monnaies et
encouragent les capitaux flottants à se déplacer pour trouver de meilleurs
rendements vers des pays comme la Chine
et le Brésil, dont les taux d’intérêt sont plus élevés, ce qui pousse à la
hausse le cours de leurs monnaies et dégrade la compétitivité de leurs
exportations. Pour tenter d’enrayer le phénomène, les banques centrales de ces
pays ont puisé dans leurs réserves de change de façon à contenir la hausse et
la volatilité de leurs taux de change.
Il est donc devenu difficile pour les banques centrales
d’envisager un changement de politique monétaire, parce qu’une remontée des
taux d’intérêt pourrait provoquer une vague d’insolvabilité parmi les
entreprises les plus fragiles, qui subsistent grâce à des conditions de crédit
particulièrement favorables et parce qu’elle pourrait provoquer un krach sur le
marché des obligations.
Ce fragile équilibre est en train de vaciller.