@Durand
Même si cela nous éloigne un peu du sujet de l’article, je voudrais exprimer un désaccord sur l’histoire de la France à la suite immédiate de la Libération.
Je conteste que « de Gaulle plaçait son action dans la logique du CNR... »
Je pense au contraire qu’il a rompu avec la politique qui était dans la logique du CNR pour remettre en selle au plus vite le capitalisme et qu’il a pour cela massivement recycler les cadres du pétainisme. C’est ce que montre Annie Lacroix Riz dans ses travaux sur la non-épuration en France. Il s’est empressé de désarmer la résistance.
La politique du CNR c’était la mise en place des Comités départementaux de la libération pour remplacer l’administration de Vichy. Ces comités laissaient une grande place aux résistants. Ils étaient l’expression d’une rupture avec le régime de Vichy et même dans bien des cas d’une rupture violente là où c’étaient effectivement les résistants et les maquisards qui avaient participé à la libération du territoire.
Le gouvernement provisoire, sous l’impulsion de De Gaulle, s’est empressé d’envoyer des préfets dans les départements en les chargeant de mettre en place toute une administration. C’est dans ce cadre qu’ont été écartés les résistants pour mettre à leur place les anciens fonctionnaires de Vichy souvent changés de région pour que ça ne se voit de trop que c’était en fait le même personnel. Il s’est alors agi d’écarter les résistants, de les désarmer et de remettre à leur place les forces de police du pétainisme qui s’étaient acquises une absolution de leurs fautes en participant au dernier moment à la libération de Paris (on oublie le Vel’d’Hiv et ...).
De Gaulle avait participé à la mise en place du CNR pour asseoir son autorité (contre Giraud) auprès de la résistance. Mais, aussitôt après la Libération il a trahi le CNR. Tout cela ne s’est pas fait facilement. Il a bien fallu faire des concessions dans tous les camps en présence. Les américains qui au départ voulaient installer leur propre administration ont fini par trouver que laisser faire De Gaulle était un bon compromis. Il faudrait aussi parler du PCF et de ses contradictions internes. Les ordres venant de Moscou exigeaient que le PCF appuie De Gaulle mais il a dû composer avec ses propres troupes qui voulaient rester fidèles à la résistance et au CNR.