La logique scientifique voudrait que j’observe puis que j’essaie de théoriser et éventuellement (si c’est possible avec nos moyens actuels) de reproduire les phénomènes observés.
Cependant, chacun n’est pas « scientifique » et même un scientifique ne peut couvrir et expérimenter tous les domaines de la science.
Nous sommes donc tous contraints de nous en remettre à des tiers de confiance pour observer les phénomènes et à d’autres tiers de confiance pour les théoriser et éventuellement les reproduire.
Dans l’absolu, je n’ai aucune preuve que les américains sont allés sur la Lune, et les images « pourraient » être truquées.
Dans l’absolu, je n’ai jamais assisté directement à une éruption volcanique, à un tsunami, à une tempête tropicale et les médias peuvent me mentir.
Dans l’absolu, je n’ai jamais vu un ovni de mes yeux, à part au cinéma.
Dans l’absolu, je n’ai jamais assisté à aucune manifestation de fantôme, de communication avec les morts ou de pouvoirs psychiques.
Dans l’absolu, je n’ai jamais vu l’espace intersidéral, l’intérieur d’un soleil, l’infiniment petit, un dinosaure, le virus HIV, le virus COVID-19, ...
Dans l’absolu, j’ai vu le chapelet de satellites Starlink, ce qui suffit à prouver, à mes yeux du moins, que l’humanité envoie bien des satellites dans le ciel.
Dans l’absolu, j’ai piloté un avion et vu, de mes yeux, depuis une certaine altitude, la courbure de la terre.
Dans l’absolu, je n’ai finalement pu constater que peu de choses par moi-même.
La question est donc à qui me fier, en tant que tiers de confiance, pour forger ma connaissance du monde ?
A la communauté scientifique reconnue ?
A l’école ?
Aux gouvernements ? ... Corollairement, lesquels ? PiongYang ? Washington ? Téhéran ? Tel’Aviv ?
Aux médias Mainstream ?
Aux médias alternatifs ?
Aux illuminés divers et variés ?
A ceux qui en font commerce (des « phénomènes ») ?
Aux conspirationnistes ?
A l’église ? A l’imam ? Au Rabbin ?
A Wikipedia ? A Google ?
Aux publications Facebook, Instagram et Tweeter ?
Aux Gilets Jaunes ?
Aux organisateurs ou à la Préfecture ?
C’est là que s’exerce notre discernement, mais aussi que se manifestent nos à priori et nos convictions enracinées (nos biais cognitifs).
Instinctivement, chacun ne cherche, et à fortiori ne lit (ou n’écoute) que ce qui confirme ses convictions.
C’est un véritable effort que d’ouvrir son esprit et d’essayer de trouver, lire et comprendre la thèse opposée à ses propres convictions.
C’est un effort plus grand encore que d’examiner avec un réel esprit critique les informations qui « vont plutôt dans notre sens ».
D’autant que déjà, rapporter les faits sans les interpréter est un exercice que très peu d’individus sont capables de réussir.
Dans ce domaine, en tout cas, vous pouvez déjà parier que celui qui n’a absolument aucun doute, celui-là est à peu près sur de ce tromper.
Ou comme disait Jean Rostand :
« Cette certitude d’avoir raison qui est, à mes yeux, le signe infaillible de l’erreur »