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Commentaire de Étirév

sur Le Nom de la rose par Umberto Eco


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Étirév 12 mai 2020 17:03

« Malheureusement, le film ne fait qu’effleurer le conflit théologique entre les franciscains et l’autorité pontificale au sujet de la pauvreté du Christ, de l’Eglise, et les diverses questions concernant les rapports du clergé à l’argent, au savoir et au pouvoir. »
Cela n’a finalement aucune importance puisqu’ils travaillaient tous dans un seul but : la domination du monde par le mensonge et la brutalité.
L’important est surtout de rappeler ICI l’histoire d’un mouvement de rénovation sociale, grandiose, extraordinaire, d’une haute portée, qui brilla sur le monde pendant deux ou trois siècles, mais qui fut renversé, dénaturé et caché par des faussaires qui en firent une caricature grotesque et voulurent avec cela dominer le monde.
Néanmoins, deux mots sur les ordres religieux, et en particulier sur les franciscains.
Les inférieurs copient toujours ceux qu’ils croient supérieurs à eux en intelligence. C’est ainsi que nous allons voir les Catholiques créer des Ordres dits religieux, qui seront la copie de celui des Chevaliers du Temple. Ils ont cru que la pauvreté est la source de grandes richesses, et ils vont reprendre les trois vœux des Templiers : vœux de pauvreté, de chasteté, et d’obéissance.
Mais ce qui différera éminemment entre eux, c’est le but de l’action à laquelle ils vont se consacrer.
Les Chevaliers du Temple travaillaient pour le triomphe de la Vérité qu’ils avaient rapportée d’Orient ; les Ordres religieux vont travailler à la propagande de la doctrine de mensonge de l’Église.
François d’Assise fonda en Europe une société sans propriété ni capital, qui devait arriver à la puissance par la pauvreté. C’est du moins l’étiquette de l’Ordre qu’il fonda. En réalité, ces mendiants franciscains ne manquaient de rien.
Né en 1182 en Ombrie, il fonda l’Ordre dit des Frères mineurs, ou Franciscains.
Il mourut en 1226.
Dans la société féodale, l’autorité procédait de la propriété. François d’Assise lui donna une autre base : elle devait être basée sur les services rendus. La société nouvelle aurait pour fondement la dignité humaine. C’était la copie de la Chevalerie. Dans une société ainsi constituée, la Femme devait être remise à sa place, et cependant c’est le contraire qui se produisit.
François d’Assise, grand diplomate, se fit tout-puissant en créant la règle des Mendiants. Cette pauvreté collective voulait imiter le communisme des premiers Chrétiens de saint Jean.
Quant au nomadisme individuel d’une armée d’ermites voyageurs, c’était l’imitation de l’Ordre des anciens Esséniens, qui avaient des hospitaliers pour recevoir les voyageurs.
On idéalisait la souffrance du peuple, tout en lui prenant son obole. On prétendait hypocritement réaliser toutes les réformes sociales demandées par les esprits éclairés : l’égalité demandée par les Pastoureaux ; la fraternité prônée par les Vaudois. Les Catholiques étaient des imitateurs qui venaient après les autres s’emparer de leurs idées et les dénaturer à leur profit.
François d’Assise vint mettre au service de l’Église les idées de fraternité qui sont dans les sociétés secrètes, d’égalité et de travail. Il créa des Fraternités de Tertiaires laïques pour imiter le triangle des initiés.
Ces Tertiaires franciscains devinrent légion. Tous les Catholiques militants s’y enrôlèrent, les classes s’y mêlèrent, unies dans une idée commune : le triomphe du masculinisme de l’Église.
Tous déclarèrent qu’ils n’avaient qu’un Père : Dieu, et une Mère : l’Église.
Et la vraie femme, où la mettaient-ils ? Nous allons le voir bientôt.
Leur Ordre était international comme les Fraternités féministes que l’on imitait. Dans cet Ordre, on devait vivre secrètement parmi les peuples et se prêter un appui matériel et moral, le cas échéant. On devait aussi combattre les ennemis de Jésus, du prêtre, de l’Église. Cet Ordre visait évidemment, comme ennemis à combattre, les Albigeois, les Templiers, les Ordres secrets.
Comme dans la Franc-Maçonnerie, ils avaient des signes pour se reconnaître et portaient des insignes. Ils prenaient aussi des mots d’ordre comme leurs adversaires, tel celui-ci : « Aimer pour croire et croire pour agir ».
Nous avons dit que nous allions bientôt parler du rôle qu’ils donnaient aux femmes. Le voici : ils les associaient à leurs intrigues et se servaient de leur puissance qu’ils dirigeaient pour arriver à leurs fins.


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