Quels socles de la haine ? D’une part le cas réaliste, où l’on hait son vrai persécuteur, d’autre part les cas pathologiques : jalousie, envie, et surtout, la crainte du bourreau envers sa victime qui a survécu, et qui pourrait le dénoncer. On ne hait quiconque autant que ceux à qui on a nui, sans justifications avouables. D’où le besoin d’ourdir des campagnes de calomnies pour rationaliser ses propres méfaits. Deux cas principaux de détachement hors de la réalité :
- Je hais B à la place de A, car B est accessible et inoffensif.
- Je hais B parce que je lui ai nui, je le hais donc à la place de moi-même, je le punis de ma propre culpabilité à son égard.
Alice Miller a montré, à propos des raisons de l’adoption de l’antisémitisme hitlérien par les allemands, qu’on choisit de préférence les plus inoffensifs, comme cibles de la haine, et des campagnes de calomnies : Pas fous ! On ne va quand même pas prendre des risques stupides !
Du point de vue de la médecine du travail, du point de vue du management des ressources humaines, et enfin du point de vue de la santé publique et des familles, il faut donc se poser la question si le plus grand dommage subi par les entreprises et la nation française dans son ensemble, n’est pas celui implanté dans ceux des complices qui sont complices par peur. En exploitant ainsi leur poltronnerie, le leader du mobbing (franglais pour harcèlement et persécution. Utilisé par le traducteur de Heinz Leymann) s’assure de la disparition de leurs capacités d’analyse, de leurs capacités de création, de leurs capacité de courage, de leurs capacités de synthèse. Il s’assure de leur infirmité mentale, il se garantit leur inintelligence, il se garantit de dominer à vie ces brain-damaged : il les a ligotés en les corrompant comme complices ; voilà qu’ils ont désormais gros à se reprocher, et ont donc tout intérêt à falsifier leur mémoire biographique.
Comment leur « image de soi » va-t-elle réagir pour occulter les faits ? Le cas est d’autant plus grave pour les enfants, recrutés comme mobsters contre un ou deux de leurs parents, ou comme tortionnaires d’une partie de leur fratrie. Ils sont alors acculés à devenir falsificateurs de leur propre mémoire biographique. L’intelligence chute vite sous cette contrainte. Sur le plan scolaire, cela se voit à une chute des notes en Histoire, en français, langues, et philosophie : ils intègrent l’interdiction de penser et de se souvenir. Hors scolaire, ce sont la créativité et l’initiative qui sont détruites. La parole devient inintelligible, la logique du discours se décompose. Chutent ensuite les mathématiques et les sciences : la joie de comprendre et la joie de découvrir, c’est du dangereux car cela pourrait réveiller la jalousie des mobsters en chef. Ne subsistent que les matières à orientation anale et d’exploitation de son prochain : le droit privé, la comptabilité, le contrôle de gestion, le commerce vu comme art du mensonge. Telle est mon observation de ces dix-sept dernières années.
On manque des procédés de réhabilitation des complices du mobster en chef. Ils ont été recrutés comme actionneurs de la maladie du chef, pour qu’il se sente moins seul en sa folie.