La haine
Ainsi l’État sait ce qu’est la haine et veut l’interdire, confiant cette tâche à des entreprises privées dont on peut, par ailleurs, se demander pourquoi elles n’ont pas de concurrentes.
Si j’écris ce texte, c’est que je sais ce que c’est que recevoir de la haine et j’en ai reçue, avec beaucoup de poids, beaucoup d’énergie, de l’État précisément. Comme les lois ne sont pas rétroactives, cette nouvelle loi ne peut agir pour réparer la destruction de ma vie qu’a réussi la haine de l’État.
Je vais définir la haine par des caractéristiques : d’abord, la haine est la guerre, c’est-à-dire que tous les moyens sont bons, seul le résultat compte, la haine est un but ; ensuite, la haine est un ou des moyens : une volonté de faire mal, de diminuer les capacités de ceux qui sont son objet, de faire mal jusqu’à la mort éventuellement (c’est la guerre). Comme on ne peut pas, en principe, juger les intentions, seulement les actes, on peut considérer qu’une suite d’actes, de paroles, d’écrits sensiblement orientée, convergente vers cette atteinte à la vie, à la personne, au corps de quelqu’un correspond à une intention, une volonté de porter ces atteintes, si quelqu’un qui en aurait l’intention ne ferait pas mieux. La répétition, la convergence, l’entêtement à réitérer les mêmes actes, paroles ou écrits, le harcèlement, en un mot, est un critère fondamental.
Dans l’affaire « Mila », les comportements déjà objectivés dans le code pénal et qui relèvent de la haine n’ont pas fait l’objet de poursuites. On se souvient que cette jeune fille de 16 ans a été victime d’une agression raciste et sexiste sur les réseaux sociaux. Elle a répondu à ses agresseurs vivement en critiquant une religion. Elle a ensuite fait l’objet d’un déferlement d’insultes et de menaces de mort, par dizaines de milliers. La première action du parquet mandaté par Madame Belloubet, garde des sceaux, fut de lancer une enquête préliminaire contre la jeune fille ! Devant le tollé, Madame Belloubet a reculé. Cependant, il n’y eut aucune suite judiciaire : Pas une seule mise en cause, pas une garde à vue, aucune mise en examen et donc aucun jugement, pas de condamnation. Les coupables n’ont pas été inquiété(e)s.
Je voudrais faire remarquer ici une chose qui n’est pas connue et qui structure les comportements humains : ce sont les victimes qui sont tout d’abord culpabilisées. Le premier réflexe devant une victime est de lui poser la question : « pourquoi ils te font ça, à toi ? » Mme Belloubet est éminemment reprochable de s’y être prise de cette manière, cependant, elle n’a fait que suivre un penchant humain terrible. Avec les médias de masses, imprimés et numériques, nous avons des outils de répétition lancinante d’une très grande puissance. Celles et ceux qui veulent s’en emparer pour faire accréditer par une majorité des idées fausses qui leur bénéficient s’en servent à fond. C’est ainsi que nous avons des victimes triomphantes partout, qui sont bien reçues, crues, acceptées et défendues par toutes et par tous et qui clament l’horreur de la situation qu’on leur a fait, les nécessaires et toujours insuffisantes sanctions envers leurs bourreaux… A ce stade, ce ne sont plus des victimes, mais des bourreaux. Tout le monde croit que les bourreaux sont forts, armés, autoritaires, démonstratifs de leur force, presque personne ne voit qu’on peut tout obtenir des autres si on arrive à se faire passer pour le plus faible ou la plus faible, toujours brimé(e), toujours diminué(e), toujours blessé(e).
Évidemment, Mme Avia n’est pas exempte de violences verbales et psychologiques et des collaborateurs(trices) sont allés porter témoignages de ces faits dans la presse et les réseaux sociaux. Il n’y aura aucune enquête par la Justice.
Je vais redire brièvement la haine que j’ai reçue de quatre juges (un en première instance et trois en appel), d’un psychiatre expert, d’une psychologue qui criait quand je lui donnais des faits, des agissements de mon épouse, des informations dont elle pouvait aisément vérifier ou falsifier la pertinence, d’une enquêtrice sociale. Ces trois envoyés m’ont fait dire des choses que je n’ai jamais dites. Ça, c’est horrible. Les cris de la psychologue, je les entends encore. Elle était chargée de recueillir la parole du père, de la mère et des enfants, et elle validait tout ce que la mère disait, sans examen, me prêtait des mots que je n’ai pas prononcés et qui me présentait précisément comme un bourreau. Ça, c’est la haine. Je ne pouvais rien faire, je n’étais pas cru ; ma parole n’était pas reçue.
Voici l’histoire, les moyens employés par la Justice : un expert psychiatre a « postulé » selon son mot que ma mère était dépressive, sans l’examiner, violant ainsi le serment d’Hippocrate. Je suis selon lui identifié à ma mère et je veux, toujours selon lui, réparer ma mère postulée dépressive en faisant le père et la mère auprès de nos enfants. Je vole le rôle de mère à la mère. Postuler que ma mère est dépressive pour un médecin, c’est de la haine. Les juges suivent alors que le verbe « postuler » indique bien que ce médecin ne sait pas si ma mère est dépressive ou non. Les juges signent de leur nom une diffamation, mais tout se passe comme si elles et ils n’avaient pas de nom, personne ne peut retourner leurs actes contre eux, rien n’est opposable à leurs mensonges. Je ne les nomme pas encore, peut-être devrais-je.
Avec les moyens puissants de répétition, la notion de genre est passée devant le sexe dans ce qui se dit et s’écrit à ce sujet. Les juges, par le mensonge à propos de ma mère, nous ont remis dans les rôles genrés dont, soi-disant personne ne veut et que nous ne pratiquions pas. S’il y avait des citoyen(ne)s féministes, luttant pour l’égalité entre les femmes et les hommes, elles et ils s’indigneraient de ce mensonge et viendraient nous défendre. Il faut bien se rendre à l’évidence ; il n’y en a pas.
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