@Fergus
Parce que quand vous consultez votre médecin vous imaginez qu’il respecte un protocole « d’essai scientifique » ?
Et qu’il trouve dans sa patientèle un autre clampin à qui il prescrit autre chose pour le même cas de figure, et un autre à qui aussi à l’insu de son plein gré comme le cas précédent il donnera un placebo genre « doliprane », ou une nouvelle molécule dont on ne sait à peu près rien de son efficacité, des effets secondaires que lui aura été proposé par un labo parce que l’AMM vient de sortir ?
Vous êtes simplement ridicule Fergus...
LE PARISIEN. Le gouvernement a autorisé un essai clinique de grande
ampleur pour tester l’effet de la chloroquine sur le coronavirus. C’est
important pour vous d’avoir obtenu cela ?
DIDIER RAOULT. Non, je m’en fiche. Je pense qu’il y a des gens qui
vivent sur la Lune et qui comparent les essais thérapeutiques du sida
avec une maladie infectieuse émergente. Moi, comme n’importe quel
docteur, à partir du moment où l’on a montré qu’un traitement était
efficace, je trouve immoral de ne pas l’administrer. C’est aussi simple
que ça.
LE PARISIEN. Que répondez-vous aux médecins qui appellent à la
prudence et sont réservés sur vos essais et l’effet de la chloroquine,
notamment en l’absence d’études plus poussées ?
DIDIER RAOULT. Comprenez-moi bien : je suis un scientifique et je
réfléchis comme un scientifique avec des éléments vérifiables. J’ai
produit plus de données en maladies infectieuses que n’importe qui au
monde. Je suis un docteur, je vois des malades. J’ai 75 patients
hospitalisés, 600 consultations par jour. Donc, les opinions des uns et
des autres, si vous saviez comme ça m’est égal. Dans mon équipe, nous
sommes des gens pragmatiques, pas des oiseaux de plateau télé.
LE PARISIEN. Comment en êtes-vous arrivé à travailler sur la
chloroquine en vous disant que cela pouvait être efficace pour traiter
le coronavirus ?
DIDIER RAOULT.Le problème dans ce pays est que les gens qui parlent
sont d’une ignorance crasse. J’ai fait une étude scientifique sur la
chloroquine et les virus il y a treize ans qui a été publiée.
Depuis, quatre autres études d’autres auteurs ont montré que le
coronavirus était sensible à la chloroquine. Tout cela n’est pas une
nouveauté. Que le cercle des décideurs ne soit même pas informé de
l’état de la science, c’est suffocant. L’efficacité potentielle de la
chloroquine sur les modèles de culture virale, on la connaissait.
On savait que c’était un antiviral efficace. On a décidé dans nos
expérimentations d’ajouter un traitement d’azithromicyne (un
antibiotique contre la pneumonie bactérienne, NDLR) pour éviter les
surinfections bactériennes. Les résultats se sont révélés spectaculaires
sur les patients atteints du Covid-19 lorsqu’on a ajouté
l’azithromycine à l’hydroxychloroquine.
LE PARISIEN. Qu’attendez-vous des essais menés à plus grande échelle autour de la chloroquine ?
DIDIER RAOULT. Rien du tout. Avec mon équipe, nous estimons avoir
trouvé un traitement. Et sur le plan de l’éthique médicale, j’estime ne
pas avoir le droit en tant que médecin de ne pas utiliser le seul
traitement qui ait jusqu’ici fait ses preuves. Je suis convaincu qu’à la
fin tout le monde utilisera ce traitement. C’est juste une question de
temps avant que les gens acceptent de manger leur chapeau et de dire,
c’est ça qu’il faut faire.
LE PARISIEN. Sous quelle forme et pendant combien de temps administrez-vous la chloroquine à vos patients ?
DIDIER RAOULT. On donne de l’hydroxychloroquine à raison de 600 mg
par jour pendant dix jours (sous forme de Plaquenil, le nom du
médicament, NDLR) sous la forme de comprimés administrés trois fois par
jour. Et de l’azithromycine à 250 mg à raison de deux fois le premier
jour puis une fois par jour pendant cinq jours.
LE PARISIEN. Est-ce un traitement qui peut être pris en prévention de la maladie ?
DIDIER RAOULT. Nous ne le savons pas.
LE PARISIEN. Lorsque vous l’administrez, au bout de combien de temps un patient atteint du Covid-19 peut-il guérir ?
DIDIER RAOULT. Ce qu’on sait pour l’instant, c’est que le virus disparaît au bout de six jours.
LE PARISIEN. Comprenez-vous néanmoins que certains de vos confrères appellent à la prudence sur ce traitement ?
DIDIER RAOULT. Les gens donnent leur opinion sur tout, mais, moi, je
ne parle que de ce que je connais : je ne donne pas mon opinion sur la
composition de l’équipe de France enfin ! Chacun son métier. La
communication scientifique de ce pays s’apparente aujourd’hui à de la
conversation de bistrot.
LE PARISIEN. Mais n’y a-t-il pas des règles de prudence à respecter avant l’administration d’un nouveau traitement ?
DIDIER RAOULT. A ceux qui disent qu’il faut trente études
multicentriques et mille patients inclus, je réponds que si l’on devait
appliquer les règles des méthodologistes actuels, il faudrait refaire
une étude sur l’intérêt du parachute.
Prendre 100 personnes, la moitié avec des parachutes et l’autre sans et
compter les morts à la fin pour voir ce qui est plus efficace. Quand
vous avez un traitement qui marche contre zéro autre traitement
disponible, c’est ce traitement qui devrait devenir la référence.
Et c’est ma liberté de prescription en tant que médecin. On n’a pas à obéir aux injonctions de l’Etat pour traiter les malades.
Les recommandations de la Haute autorité de santé sont une indication,
mais ça ne vous oblige pas. Depuis Hippocrate, le médecin fait pour le
mieux, dans l’état de ses connaissances et dans l’état de la science.
LE PARISIEN. Quid des risques d’effets indésirables graves liés à la prise de chloroquine, notamment à haute dose ?
DIDIER RAOULT. Contrairement à ce que disent certains à la
télévision, la Nivaquine (le nom d’un des médicaments conçus à base de
chloroquine, NDLR) est plutôt moins toxique que le Doliprane ou
l’aspirine prise à forte dose. En tout état de cause, un médicament ne
doit pas être pris à la légère et toujours prescrit par un médecin
généraliste.
LE PARISIEN. Avez-vous conscience de susciter un immense espoir de guérison pour les patients atteints ?
DIDIER RAOULT. Je vois surtout qu’il y a des médecins qui m’écrivent
du monde entier tous les jours pour savoir comment on traite des
maladies avec l’hydroxychloroquine. J’ai reçu des appels du
Massachusetts General Hospital et de la Mayo Clinic de Londres.
Les deux plus grands spécialistes mondiaux, l’un des maladies
infectieuses, l’autre des traitements antibiotiques, m’ont contacté pour
me demander des détails sur la manière de mettre en place ce
traitement.
Et même Donald Trump a tweeté sur les résultats de nos essais. Il n’y a
que dans ce pays qu’on ne sait pas très bien qui je suis ! Ce n’est pas
parce que l’on n’habite pas à l’intérieur du périphérique parisien qu’on
ne fait pas de science. Ce pays est devenu Versailles au XVIIIe siècle !