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Commentaire de Décroissant

sur La nécessaire prescription des crimes contre l'humanité


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Décroissant 25 juillet 2020 18:52

Bonjour,


J’ai l’impression que vous sautez allégrement une une étape dans votre rejet du « victimisme » qui se manifeste par des revendications évidemment déraisonnables : en général avant de prescrire un crime d’état, on attend que celui-ci ait été abondement inventorié, reconnu dans ses moindres détails et porté à la connaissance de tous. Alors peut venir le temps de la clémence et de l’oubli. Or c’est là que le bât blesse, l’Etat français, pour ne citer que lui, a longtemps pratiqué le déni, le refus de déclassification de certaines archives, l’oubli ou le travestissement. Si l’histoire est selon l’adage toujours écrite par les vainqueurs, le moins que l’on puisse dire c’est que nos manuels (mon expérience date un peu, cela dit) comme l’histoire officielle étaient plutôt lacunaires ou étrangement laxistes sur bon nombre de sujets dérangeants (des dérives de l’empire colonial au pourcentage de réels résistants dans la population lors de la deuxième guerre mondiale).

Il semble manquer un récit commun, heureusement exploré par les productions artistiques (romans, films et pièces de théâtre) mais dont on sait qu’elles ne touchent qu’une fraction très minoritaire de la population. Adolescent, j’ai vu revenir des conscrits de ce qu’il était convenu d’appeler des opérations de maintien de l’ordre en Algérie et qui ont eu les pires difficultés à se réinsérer dans la société d’alors. Et il est probable qu’il faudra attendre la disparition de cette génération (comme la stabilisation des relations avec le régime algérien) pour obtenir une vision officielle enfin assumée et pacifiée.

Lydie Salvatore dans bon nombre de ses écrits (majoritairement portés au théâtre) a su rendre compte de la diaspora des républicains espagnols exilés en France, apportant cette nécessaire connaissance et réappropriation.

En l’absence de récit national (on expédie généralement la question par des déclarations emphatiques, une loi censée trancher définitivement la question et puis on referme le placard), dans un mouvement pendulaire qui passe d’un extrême à l’autre, apparaissent les soubresauts que vous dénoncez. Peut-être sont-ils nécessaires (y compris dans leur exagération) pour faire émerger une vérité plus nuancée. Mais j’ai la faiblesse de penser que le Droit ne fait rien à l’affaire.


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